Œuvres de Turgot – 182 – Ateliers et bureaux de charité

1775

182. — ATELIERS ET BUREAUX DE CHARITÉ.

I. Lettre à l’Intendant de Champagne.

(Création d’Ateliers de charité à Reims et suspension des corvées des chemins.)

[A. Marne. — Neymarck, II, 405.]

Paris, 27 avril.

Les prix des grains ayant éprouvé, M., une augmentation assez sensible dans votre généralité, et principalement à Reims, je me détermine à y augmenter les travaux publics qui, en assurant au peuple des salaires, et en y faisant participer les femmes, même les enfants ordinairement inoccupés, sont le seul moyen de le mettre en état de se procurer sa subsistance, lorsqu’elle excède par la cherté ses facultés ordinaires. Vous avez déjà reçu pour ces travaux 65 000 l. qui vous ont été donnés sur le grèvement de la province. J’y destine encore 40 000 l. que vous prendrez sur le receveur général à qui j’ai ordonné de les remettre sur vos ordonnances. Je désire, M., que ce nouveau secours soit principalement réservé pour Reims ; vous devez y ouvrir des ateliers autour de la ville et dans la route de Paris et les y multiplier de manière que tous ceux qui auraient besoin de gagner des salaires puissent en trouver. Il est inutile de vous observer qu’il convient d’y admettre les femmes et même les enfants ordinairement inoccupés ; c’est le seul moyen de mettre le chef de chaque famille en état de la nourrir. Si vous jugiez qu’il pût être utile d’établir à Reims des filatures, vous pourrez prendre sur les fonds que je vous envoie, la somme que vous estimerez nécessaire pour cet établissement, et il faudrait le concerter avec quelques négociants honnêtes. Je vous enverrai des instructions, tant sur les travaux de charité que sur les filatures lorsqu’elles seront imprimées ; mais en attendant vous ne devez pas différer d’ouvrir ou de multiplier les travaux de charité dans les environs de Reims et sur la route de cette ville à Paris ; mon intention est que vous les fassiez établir et exécuter sur le champ.

Je prends même le parti de suspendre les corvées, et comme la cherté actuelle importe à multiplier les salaires, elle me détermine aussi à procurer à ceux qui seraient obligés de donner leur travail gratuitement, le moyen d’en gagner. Ainsi, vous voudrez bien faire cesser les corvées dès que vous aurez reçu ma lettre.

2. Mémoire au Roi sur les ateliers de charité à ouvrir à Paris.

[D. P., VII, 236.]

L’augmentation subite dans le prix des denrées peut mettre une disproportion entre les salaires et la subsistance, entre les facultés et les besoins ; la modicité des récoltes, la distance des lieux d’où doivent venir les grains, peuvent les élever au-dessus des faibles ressources que le travail procure à la classe la plus indigente des consommateurs. Une augmentation de travail est le moyen le plus naturel d’y remédier. En multipliant les salaires, elle multiplie les moyens de vivre ; et le peuple, secouru par ce gain extraordinaire, n’est pas moins en état d’acheter sa subsistance que dans les circonstances où, les denrées étant moins chères, il gagnait des salaires moins étendus.

Mais un nouveau travail ne peut être un secours efficace contre l’indigence, s’il n’est à la portée des différentes classes de sujets que le public n’est pas dans l’usage d’occuper. Des salaires présentés à ceux qui, employés chaque jour aux travaux ordinaires, sont sûrs d’un gain suivi et continuel, seraient rejetés, ou n’augmenteraient pas les moyens de subsister.

Deux sortes de personnes peuvent avoir principalement besoin de ce secours : les artisans auxquels la pauvreté ne laisse pas les moyens de se procurer la matière sur laquelle s’exerce leur industrie, et les femmes et les enfants. Ainsi, on peut ranimer les fabriques oisives en donnant les avances nécessaires pour les mettre en activité, et établir dans le sein des familles de nouvelles fabriques en mettant les femmes et les enfants en état de travailler.

Les dentelles, les gazes, les blondes et tous les autres genres d’ouvrages de cette nature, que l’expérience de MM. les curés et la connaissance qu’ils ont du caractère et des besoins du peuple, peuvent les mettre en état d’indiquer, sont les objets qui pourront le plus, s’ils sont encouragés et soutenus, faire vivre un grand nombre d’artisans désœuvrés.

La filature procurera aux enfants et aux femmes un travail qui ne surpasse point leur adresse ; et, quelque modique que soit le salaire attaché à cette main-d’œuvre, il n’en sera pas moins un vrai secours qui, répandu par parcelles multipliées, et ajouté aux rétributions que le père se procure par un travail plus lucratif, assurera la subsistance de toute la famille.

Lorsque la cherté élève la denrée au-dessus des facultés du peuple, ce n’est point pour lui-même que souffre l’homme de journée, l’ouvrier, le manœuvre ; ses salaires, s’il était dégagé de tout lien, suffiraient pour le nourrir : ce sont sa femme et ses enfants qu’il ne peut soutenir, et c’est cette portion de la famille qu’il faut chercher à occuper et à salarier.

Pour parvenir à procurer ces ressources et mettre tous les sujets indigents en état d’y participer, S. M. destine des fonds ; ils seront confiés, dans différents quartiers de la ville, à six commerçants, qui les administreront par esprit de charité et sans aucun bénéfice ; les frais seuls leur seront payés ; ils achèteront et feront venir les matières, en livreront des portions aux ouvriers indigents de chaque paroisse, par avance et sans exiger le payement du prix, sur les certificats que donnera M. le curé de leur honnêteté. La distribution se fera par petites parties : une livre de filasse, quelques onces de fil à dentelles, ou de soie pour la gaze et les blondes, seront à peu près les mesures dans lesquelles on se fera une loi de se contenir. Cette précaution paraît nécessaire pour prévenir les abus, et diminuer les pertes : un ouvrier à qui on confierait une plus grande quantité de matière serait tenté de la vendre et d’en détourner le prix à son profit.

La matière distribuée sera évaluée au prix coûtant ; on ne pourra jamais l’excéder. Quand elle sera fabriquée, le commerçant achètera l’ouvrage et payera sur-le-champ le prix, en déduisant seulement la valeur de la matière, et il donnera au pauvre la même quantité de matière pour le mettre en état de continuer son travail : ainsi, par des livraisons successives, l’ouvrier sera continuellement occupé.

L’évaluation de l’ouvrage sera faite par une femme qui sera attachée au bureau de chacun de ces commerçants, et afin d’exciter au travail et augmenter ce genre de secours, on recommandera de faire l’évaluation un peu au-dessus du prix ordinaire.

L’ouvrier qui aura rapporté son ouvrage au bureau pourrait se croire lésé par l’évaluation, s’il était obligé d’y acquiescer ; peut-être prétendra-t-il que sa main-d’œuvre est d’un plus grand prix que celui auquel elle aura été estimée. On a senti cet inconvénient : pour le prévenir, on propose de laisser à l’ouvrier la liberté de remporter son ouvrage et d’aller le vendre ailleurs ; néanmoins, en rapportant au bureau la valeur de la matière qui lui avait été avancée, on lui en livrera une autre quantité.

Les commerçants chargés de chaque bureau vendront les ouvrages qui leur auront été rapportés, et du prix qui en sera résulté ils achèteront de la nouvelle matière.

Ainsi, chaque famille sera assurée d’une ressource prête à la soulager. Un double avantage lui est présenté : l’un d’obtenir la matière, quelle que soit son indigence, et sans être tenue de rien débourser ; l’autre d’être assurée d’un plus prompt débit, et de n’être pas obligée de chercher et d’attendre les salaires qui doivent l’aider à subsister. Ces salaires, distribués à tous les consommateurs, même aux enfants dont la famille est composée, seront proportionnés aux besoins ; la classe même de ces indigents que la honte couvre d’un voile et cache à la société qui les soulage, pourra vaquer à un travail exécuté dans l’intérieur des maisons et à l’ombre du secret domestique, et participer à ce secours ; et les indigents à qui leur tempérament ou leurs infirmités ne permettent ni de se livrer à aucune occupation, ni d’espérer aucun salaire, trouveront dans ce travail public l’avantage que les aumônes ordinaires, concentrées dans un cercle plus étroit et plus resserré, pourvoiront mieux à leurs besoins.

C’est du zèle et de l’application de MM. les curés que dépend principalement le succès d’une ressource si précieuse. L’influence qu’ils ont sur l’esprit des peuples, la confiance qu’ils sont faits pour inspirer, doivent principalement déterminer les indigents à se livrer à un travail auquel plusieurs d’entre eux ne sont pas accoutumés. La menace de leur retirer les aumônes, la précaution de les leur diminuer quand le travail sera ralenti, l’annonce qu’elles ne continueront que jusqu’à un délai fixé pour donner à leur famille le temps de s’habituer aux ouvrages qui lui auront été indiqués, sont des moyens dont ils peuvent se servir avec avantage, et qui paraissent capables de vaincre la répugnance et la paresse…

3. Instruction pour l’établissement et la régie des ateliers de charité dans les Campagnes.

[D. P., VII, 241.]

(Précautions à prendre pour empêcher les abus.)

2 mai.

Le Roi, ayant bien voulu arrêter qu’il serait chaque année accordé aux différentes provinces des fonds pour soulager les habitants des villes et des campagnes les moins aisés, en leur offrant du travail, S. M. a pensé que le moyen le plus sûr de remplir ces vues était d’établir des ateliers de charité dans les cantons qui auront le plus souffert par la médiocrité des récoltes, et de les employer, soit à ouvrir des routes nouvelles, soit à perfectionner les routes déjà commencées, soit à réparer les chemins de traverse.

Le premier soin que doivent avoir MM. les intendants, pour l’emploi des fonds destinés aux travaux de charité, est donc de se procurer les renseignements les plus précis sur la situation des récoltes dans les différents cantons de leur généralité : cette connaissance les mettra en état de répartir avec justice les fonds qui leur auront été accordés, et de proportionner les secours aux besoins. Lorsqu’ils auront une fois fixé la somme destinée à chaque canton, il leur sera facile de déterminer le nombre des ateliers qu’on y devra former, le genre d’ouvrage auquel chacun des ateliers sera occupé, et le lieu où les travaux seront ouverts. Comme le but de cet établissement est de procurer des secours aux personnes qui ont les plus grands besoins, avec le moins de moyens pour y subvenir, il est indispensable d’y admettre toutes celles qui sont en état de travailler, hommes, femmes, vieillards, et jusqu’aux enfants[1]. D’après cela, on sent bien qu’il n’y a guère que les remuements et le transport de terres, de cailloux et de graviers, qui puissent être l’objet des ateliers de charité, parce que ce sont les seuls travaux qui puissent être exécutés par toutes sortes de personnes. Ainsi, dans les parties de chemin qu’on entreprend, s’il se rencontre des travaux plus difficiles, et qui exigent des bras plus exercés, il sera nécessaire de charger de leur exécution les entrepreneurs ordinaires des routes, et de payer ces entrepreneurs sur d’autres fonds que ceux destinés aux ateliers de charité.

La conduite de ces ateliers exige une attention très suivie, et qui doit embrasser plusieurs objets :

La conduite même et la direction des travaux ;

La police des ateliers, ainsi que les règles à suivre pour choisir ceux qui doivent être admis, et pour éviter l’engorgement des hommes ;

La distribution des tâches ;

La manière de payer les ouvriers ;

L’ordre de la comptabilité.

On va parcourir successivement chacun de ces articles.

Art. Ier. La conduite et la direction des travaux. Si les travaux que l’on ouvrira ont pour objet la construction de quelque route, il sera à propos de confier la conduite des ouvrages aux ingénieurs des ponts et chaussées, et de les faire exécuter sur les plans et d’après les directions tracées par l’ingénieur en chef de la province, ou par les sous-ingénieurs du département. Lorsque ces opérations préparatoires seront achevées et que les travaux seront ouverts, il sera établi des conducteurs ou piqueurs sur chaque atelier, pour conduire immédiatement les travaux d’après les instructions du sous-ingénieur, distribuer et recevoir les tâches, surveiller les ouvriers, les instruire et les diriger dans leur travail. Il sera en outre établi des conducteurs généraux, chargés de veiller sur plusieurs ateliers, de les visiter continuellement, à l’effet de vérifier si les conducteurs particuliers se conforment exactement aux instructions qu’ils ont reçues, soit pour la distribution des tâches, soit pour le tracé et la façon des ouvrages. Ils seront aussi chargés d’examiner si l’on porte contre eux des plaintes fondées, et d’en rendre compte au sous-ingénieur et au subdélégué, afin que ceux-ci puissent faire les recherches nécessaires pour vérifier les accusations et y porter remède.

Les conducteurs et piqueurs se conformeront, en ce qui concernera les directions, les pentes et tout ce qui sera relatif à l’art, aux instructions et aux ordres qui leur seront donnés par l’ingénieur ou le sous-ingénieur du département. Ils recevront aussi les ordres des subdélégués, ou des commissaires particuliers qui seront établis dans les lieux qui ne seraient pas assez à portée des subdélégués, pour tout ce qui concernera la police des ateliers. Ils leur rendront compte pareillement de tout ce qui pourrait se passer parmi les ouvriers contre le bon ordre et la subordination, afin qu’ils y pourvoient et punissent les délinquants, suivant l’exigence des cas.

II. De la police des ateliers et des règles à suivre pour l’administration et la distribution des travailleurs. Les subdélégués des lieux où seront établis les ateliers seront chargés de leur police et de la manutention générale de cette opération. Lorsque les subdélégués, par leur éloignement, ou par quelque autre circonstance, ne seront point à portée d’y veiller eux-mêmes, il sera nommé des commissaires particuliers qui rempliront les mêmes fonctions, et avec la même autorité que l’aurait fait le subdélégué.

Les ateliers de charité, étant destinés à fournir un moyen de subsistance à tous ceux qui en ont besoin, il semblerait que l’on devrait y admettre indifféremment tous les travailleurs qui s’y présentent, de quelque province et de quelque canton qu’ils soient ; mais cette facilité pourrait qu’entraîner les plus grands inconvénients. Il serait presque impossible de faire régner l’ordre sur de pareils ateliers, d’y régler les tâches, d’y distribuer les salaires à un si grand nombre d’hommes, de femmes et d’enfants assemblés au hasard ; d’où résulterait le double inconvénient d’une plus grande dépense, et d’une moindre quantité d’ouvrage à proportion de cette dépense.

L’expérience a fait voir qu’un des objets les plus importants pour cette opération est de prévenir le trop grand engorgement des ateliers, et la confusion qui en est la suite. Il est indispensable, pour y parvenir, de désigner à l’avance les paroisses qui doivent être admises à chacun des ateliers ouverts dans chaque canton, et d’attacher irrévocablement à chaque atelier les travailleurs des paroisses désignées pour cet atelier.

D’après cette distribution préliminaire, le subdélégué, ou le commissaire chargé de la police de chaque atelier, écrira aux curés des paroisses affectées à celui qu’il dirige, pour leur demander des listes exactes de ceux qui se présenteront pour participer aux travaux. Le modèle de ces listes est ci-joint, imprimé à la suite de cette instruction. Chacun de MM. les intendants fera imprimer, et adressera au subdélégué ou commissaire, les feuilles imprimées qui doivent servir à former les listes des travailleurs de chaque paroisse : elles seront envoyées doubles au curé, pour qu’il puisse faire la liste double, qu’une des copies puisse être remise au conducteur de l’atelier, et que l’autre puisse rester entre les mains du commissaire, tant pour son usage que pour remplacer celle du conducteur, si elle venait à se perdre.

Ces listes comprendront, nom par nom, tous les particuliers de chaque paroisse qui se présenteront pour travailler sur les ateliers, et qui auront besoin de ce secours. Ils seront partagés en brigades de dix à douze personnes au plus, et de cinq à six personnes au moins. On aura soin de prévenir MM. les curés de former chaque brigade, autant qu’il sera possible, de travailleurs qui soient de la même famille, ou tout au moins qui se connaissent, et de désigner pour chef de brigade celui auquel ils croiront le plus d’intelligence et d’honnêteté, et qu’ils sauront jouir de la meilleure réputation.

Il y a tout lieu d’espérer que MM. les curés se chargeront volontiers du soin de former ces listes, dont personne ne peut s’acquitter aussi bien qu’eux ; dans le cas où quelques raisons les en empêcheraient, le commissaire s’adresserait ou au seigneur, ou à quelque autre personne qu’il saurait être, par son zèle et son intelligence, et par la connaissance de la paroisse, en état de remplir exactement la liste.

Lorsque ces listes auront été formées de cette manière, et renvoyées au commissaire de l’atelier, celui-ci en remettra le double au conducteur ; il fixera le jour et l’heure auxquels les travailleurs de chaque paroisse seront admis sur l’atelier et il aura soin de fixer le temps pour chaque paroisse, de façon que les travailleurs de deux paroisses n’arrivent jamais ensemble sur l’atelier, et que ceux de la première puissent être placés et distribués sur l’ouvrage, lorsque ceux de la seconde arriveront. Par ce moyen, les conducteurs n’auront aucune peine à placer et distribuer les travailleurs sur l’atelier.

Chaque jour, les conducteurs feront deux fois l’appel au moyen de ces listes, sans être obligés d’assembler tout l’atelier, et en le parcourant au contraire dans toute sa longueur, pour appeler successivement nom par nom, les travailleurs de chaque paroisse et de chaque brigade, sur l’ouvrage même où elle sera occupée. Au moyen de ces appels, on connaîtra dans le plus grand détail tous les travailleurs qui composeront l’atelier. Le conducteur pourra les surveiller tous sans confusion, et lorsqu’il arrivera quelque désordre, il sera toujours aisé de trouver le coupable et de le punir.

III. Distribution des tâches. Dans un atelier où l’on admet indifféremment toutes sortes de personnes, il est impraticable de payer les ouvriers à la journée ; car, si l’on suivait cette méthode, il ne se ferait presque aucun ouvrage ; le plus grand nombre de ceux qu’on est obligé d’employer, n’étant que très peu habitués au travail, perdraient presque tout le temps qu’ils passeraient sur les ateliers. Il est donc indispensable de payer à la tâche.

Cette méthode serait presque impraticable si l’on voulait donner une tâche à chaque travailleur ; il est nécessaire, pour la simplifier, de réunir ensemble plusieurs travailleurs par famille ou par brigade, comme nous l’avons expliqué dans l’article précédent.

Ce sera au chef de la brigade que le conducteur donnera la tâche pour toute la brigade. C’est à ce chef qu’il expliquera la nature et la quantité du travail, qu’il confiera les outils ; c’est avec lui qu’il conviendra du salaire ; c’est à lui qu’il donnera les acomptes, qu’il délivrera la réception de l’ouvrage, et qu’il en soldera le paiement : bien entendu que tous ces détails se traiteront en présence de toute la brigade, et que le conducteur veillera à ce que le chef n’abuse pas de la confiance qu’on aurait en lui, pour priver ses compagnons de travail de ce qui leur est dû.

Le registre des conducteurs, pour la distribution des tâches, sera donc formé par paroisses et par brigades d’après les listes des curés ; mais il ne sera pas nécessaire d’y dénommer tous les travailleurs de chaque brigade ; il suffira de nommer le chef et de marquer le nombre des hommes, celui des femmes et celui des enfants, qui composent la brigade.

Voici un modèle de la manière dont ce registre doit être rempli :

Paroisse de 

NOM DES VILLAGES et numéros des brigades. NOMS des chefs de brigades. NOMBRE d’hommes. NOMBRE de femmes. NOMBRE d’enfants. DIMENSIONS, prix et dates des tâches. DATES des paiements. À-COMPTES et réception.
N°1.

Village de la Veytison…

Première tâche.

Jean Roger 5 2 3 25 avril.

Longueur    120 l. 0 p.

Largeur   1   0

Hauteur   0   5

À transporter à 20 toises de distance, estimé 15 l. 10 s.

26 avril.

1er mai.

4 mai.

5 mai.

2 l.

3

1

Réception.

Seconde tâche.

Comme les tâches ne doivent être données que pour un petit nombre de jours, et comme, par conséquent, la même brigade exécutera plusieurs tâches dans le cours de la campagne, il convient de destiner dans le registre un feuillet pour chaque brigade, afin qu’on puisse sans confusion enregistrer à la suite les unes des autres toutes les tâches qu’une même brigade fera dans le cours de la campagne. En supposant que chaque brigade soit composée, l’une portant l’autre, de huit personnes, un atelier de huit cents travailleurs ne formera que cent brigades, et n’exigera qu’un registre de cent feuilles.

Il sera fourni aux conducteurs des registres dont les feuilles seront réglées d’avance et disposées en colonnes, afin qu’ils n’aient d’autre peine que celle de les remplir. Il faut que ces registres soient reliés, et du même format que le cahier qui comprendra les listes des paroisses, afin que le conducteur puisse les porter dans un sac de toile cirée qui les garantisse de la pluie.

Cette méthode de distribuer les tâches par famille ou par brigade n’empêche pas qu’il ne soit encore difficile de proportionner ces tâches au nombre, à l’âge, à la force des personnes qui composent chaque famille. Pour établir cette proportion avec une exactitude rigoureuse, il serait d’abord nécessaire d’évaluer ce que peut faire un homme par jour, suivant l’espèce d’ouvrage, la qualité du terrain plus ou moins dur à fouiller, et la distance plus ou moins grande des deux termes du transport ; enfin, en ayant égard à toutes les difficultés qui se présentent. Cette évaluation devient encore plus embarrassante par la nécessité d’avoir égard à la différence de force des hommes, des femmes, des enfants qu’on emploie ; c’est cependant d’après toutes ces considérations que doit être déterminé le prix des ouvrages à la toise cube ou à la toise courante.

On sent qu’il faudrait, pour cette opération, des gens instruits du toisé et de la valeur des ouvrages ; or, on ne peut se flatter d’en trouver un nombre suffisant pour diriger tous les ateliers qu’on se propose d’établir.

Dans l’impossibilité de trouver un assez grand nombre de commis capables d’exécuter cette opération méthodiquement, il faudra se contenter de chercher des hommes raisonnables qui fixeront ces tâches d’après une estimation un peu arbitraire, et qui ensuite marchanderont avec le chef de brigade, comme un bourgeois, lorsqu’il fait faire dans son domaine des fossés, des défrichements, des remuements de terres. Ce bourgeois fait marché avec des ouvriers aussi peu instruits que lui ; il se trompe quelquefois à son préjudice, quelquefois à celui de l’ouvrier ; cependant on ne voit pas que ces sortes d’erreurs soient excessives ; et, dans l’opération des ateliers de charité, ces erreurs auront beaucoup moins d’inconvénients, parce qu’on pourra toujours s’en apercevoir et les corriger. En effet, le commis conducteur reconnaîtra facilement, au bout de quelques jours, si la tâche qu’il a donnée à une brigade est trop forte ou trop faible ; il verra bien si cette famille a travaillé avec activité, et si son travail lui a procuré de quoi vivre : comme il n’a aucun intérêt à profiter de l’erreur de son calcul, s’il est préjudiciable à l’ouvrier, il diminuera la tâche ou augmentera le prix ; il fera le contraire si sa première estimation avait été trop forte. Cet arbitraire aura sans doute toujours quelques inconvénients ; mais il faut supporter ceux qui sont inévitables, se contenter de faire passablement ce qu’il n’est pas possible de faire bien.

Il y a certaines natures d’ouvrages, tels que ceux qui consistent en transports de terres, ou en déblais et remblais, dans lesquels on peut parvenir, par une voie assez simple, à régler les tâches. En effet, ces transports de terre se font à la brouette, aux camions ou à la hotte, ou sur des espèces de civières, et à une distance réglée plus ou moins grande. Il ne faut pour les brouettes et les hottes qu’une seule personne ; il en faut deux pour les civières et les camions. La tâche de ceux qui portent la terre d’un lieu à un autre est très facile à régler par le nombre des voyages, à raison de la charge et de la distance plus ou moins grande ; ou, ce qui est la même chose, à raison du nombre de voyages qu’on peut faire par jour, puisque ce nombre dépend de la charge et de la distance, et qu’on peut aisément déterminer par quelques essais combien un homme peut faire de voyages par heure, et combien il peut travailler d’heures par jour sans une fatigue excessive. Il n’est pas moins facile de compter le nombre des voyages ; il suffit pour cela qu’à l’endroit de la décharge il y ait un homme préposé, pour donner, à chaque voyage, au manœuvre une marque qui ne servira qu’à cet objet : quand le manœuvre aura gagné un certain nombre de ces marques, qui sera fixé, il les remettra au commis ou conducteur, qui lui fera payer le prix convenu.

Le nombre des ouvriers occupés à transporter les terres au remblai, suppose un nombre proportionné d’ouvriers occupés dans le déblai à couper les terres que les premiers transportent. Les marques données à ceux qui voiturent la terre indiqueront en même temps le travail de ceux qui auront coupé dans le déblai la terre pour charger les hottes ou les brouettes. En effet, supposons qu’un fort ouvrier soit attaché à un déblai, et qu’on l’ait chargé de couper la terre à la pioche, qu’un enfant travaille avec lui à rassembler la terre que le premier a piochée, et à remplir la hotte d’un troisième qui va porter cette terre au remblai ; celui-ci aura reçu autant de marques qu’il aura fait de voyages. Mais il n’aura pas pu faire ce nombre déterminé de voyages, sans que le manœuvre qui a chargé sa hotte, et le terrassier qui a pioché la terre dont cette hotte a été chargée, aient fait chacun de leur côté un travail dont la quantité corresponde exactement au nombre des voyages qu’aura faits le porteur de hotte, et au nombre de marques qu’il aura reçues. On peut donc régler aussi, par le nombre de marques que rend le porteur de hotte, le salaire de ceux qui ont travaillé à la remplir. Il n’est pas nécessaire que le salaire soit le même pour le même nombre de marques : par exemple, l’ouvrier qui pioche peut avoir à faire un ouvrage plus pénible et qui exige plus de force que le travail de l’enfant qui charge, ou même de celui qui porte la hotte. Rien n’empêche que le premier, pour cent marques délivrées au dernier, ne reçoive un prix plus considérable et proportionné à son travail.

Le conducteur pourra, lorsque la composition des brigades se portera à cet arrangement, charger une brigade du déblai et du remblai. Le travail se distribuera naturellement entre les hommes qui feraient l’ouvrage du déblai, et les femmes et les enfants qui chargeraient et transporteraient la terre que les hommes auraient fouillée. Dans d’autres circonstances, on pourra charger du transport seul une brigade composée d’ouvriers faibles, tandis qu’une brigade composée principalement d’ouvriers forts serait occupée au déblai. Dans tous ces cas, on s’épargnera l’embarras du toisé, en évaluant les tâches, tant du déblai que du remblai, par le nombre des voyages de brouettes, de civières, de hottes, etc., auxquels cette tâche aura fourni. Cette méthode est simple, à la portée d’un plus grand nombre d’hommes, et n’est pas sujette à plus d’erreurs que celle des toisés réguliers. Elle a d’ailleurs un avantage, en ce que les voituriers, payés à raison du nombre des voyages qu’ils font, sont très intéressés à presser les travailleurs qui doivent leur fournir de la terre, et seront pour ceux-ci une espèce de piqueurs sur lesquels on pourra compter.

Le seul abus qu’on puisse craindre de cette méthode serait que, pour multiplier les voyages et diminuer le travail, les terrassiers et les voituriers s’accordassent à faire les charges trop légères ; mais les piqueurs ou commis, placés au remblai pour recevoir les brouettes et distribuer les marques, remédieront aisément à cet abus, en refusant de donner de ces marques pour les charges qui seraient sensiblement trop légères.

Les ingénieurs pourront surveiller et instruire les commis des ateliers qui seront à leur portée. Lorsqu’ils croiront que le commis, qu’ils auront suivi quelque temps, sera suffisamment instruit, ils pourront le faire passer sur un atelier éloigné, d’où ils tireront le commis que le premier remplacera, pour l’instruire à son tour, en le faisant travailler sous leurs yeux, et ainsi de suite. Ils pourront dresser des tables par colonnes, pour fixer l’ouvrage d’un homme dans les différentes espèces de terres, et à proportion l’ouvrage des femmes et des enfants, afin d’évaluer la quantité de voyages que peuvent faire dans un jour les manœuvres à raison de leur âge, de leur force, de la distance et de l’espèce de voiture. Cependant, comme l’usage de ces tables exigera encore de l’intelligence et de l’attention, il sera bon que le commis se mette au fait, en opérant quelque temps sous les yeux de l’ingénieur. Or, tout cela exige du temps ; ainsi, les tâches pourront encore être fixées un peu arbitrairement ; mais il y a lieu d’espérer que cet inconvénient diminuera d’année en année, et finira par être absolument insensible, pourvu que l’on veuille y apporter de l’attention.

III. De la manière de payer les ouvriers. Il n’est guère possible de donner, sans confusion, des tâches pour chaque jour, et il faut nécessairement les donner pour une semaine. Il y aurait cependant un grand inconvénient à laisser écouler la première semaine entière sans rien payer aux travailleurs : une grande partie de ceux qui se présentent aux ateliers de charité sont des pauvres dénués de toute autre ressource pour vivre, et qui n’ont pas de quoi subsister avant la fin de la semaine ; il est donc indispensable de donner au père de famille ou au chef de la tâche, à mesure que l’ouvrage avance, des acomptes pour la subsistance journalière des travailleurs.

À moins que la tâche donnée à une brigade n’ait été évaluée trop faiblement, ou que les ouvriers n’aient travaillé avec nonchalance, la brigade, à la fin de chaque semaine, doit avoir gagné quelque chose de plus que la simple subsistance des travailleurs, et, par conséquent, plus que le montant des acomptes qui lui ont été distribués. Alors, et sur le certificat de réception de la tâche, le conducteur fera payer au chef de la brigade ce qui lui sera dû en sus des acomptes qu’il aura reçus. Le certificat du conducteur, sur lequel cette solde finale des tâches sera payée, contiendra le décompte de la tâche, ainsi qu’il sera expliqué aux paragraphes ci-après.

Comme la brigade est composée d’hommes, de femmes et d’enfants, comme tous ceux qui la composent ont été nourris sur les acomptes reçus pendant le cours du travail, et que la nourriture qu’ils ont consommée n’a point été proportionnée à l’ouvrage qu’ils ont fait, puisqu’il est notoire que les enfants mangent presque autant que les hommes faits et travaillent beaucoup moins, il ne serait pas juste que l’excédent du prix qui se trouve à la fin de la tâche fut distribué par tête à tout ce qui compose la brigade indistinctement. Il est juste, au contraire, que les hommes et les femmes qui ont fait plus de travail, à proportion de ce qu’ils ont consommé, aient seuls part à ce qui a été gagné au delà de la subsistance. En conséquence, tout cet excédent de prix qui se trouvera après la réception de la tâche, sera partagé par égales portions entre les hommes et femmes au-dessus de seize ans ; les enfants au-dessous de cet âge n’y auront aucune part. Cette disposition est d’autant plus équitable, que les enfants n’ont guère d’autre besoin que d’être nourris ; au lieu que les pères et mères sont chargés de l’entretien de toute la famille, et ont quelquefois de jeunes enfants hors d’état de travailler, et qu’ils doivent nourrir sur le prix de leur travail.

Il est nécessaire que cet arrangement soit expliqué d’avance aux ouvriers lorsqu’on distribuera la tâche à chaque brigade, et que le conducteur s’assure qu’ils l’entendent bien ; c’est le seul moyen de prévenir les discussions et les disputes qui ne manqueraient pas de survenir à la réception des tâches, lorsqu’il serait question de partager ce qui resterait du prix, la nourriture des ouvriers prélevée.

Si quelques-uns refusaient de souscrire à cet arrangement ainsi expliqué, il faudrait les effacer de la liste, et les renvoyer des ateliers. On doit croire que ceux qui ne voudraient pas souscrire à une règle aussi juste et qui assure leur subsistance, ont quelque moyen de vivre indépendamment des ateliers.

Quoique le chef de brigade participe, comme les autres ouvriers, au profit qu’a donné la tâche, il est juste, s’il se conduit bien, de lui donner en sus du prix de sa tâche, quelque gratification, à raison de ses soins et des détails dans lesquels il est obligé d’entrer ; trois ou quatre sols, plus ou moins, suivant que la tâche sera plus ou moins forte et exigera plus de temps, paraissent devoir suffire. Mais cette gratification ne sera donnée qu’autant que le chef de brigade aura rempli ses fonctions d’une manière satisfaisante, en poussant le travail avec intelligence et activité, sans donner lieu à des plaintes fondées de la part des ouvriers qui lui seront subordonnés.

Le certificat de réception de la tâche fera une mention expresse de la bonne conduite du chef, et du montant de la gratification, afin que le caissier puisse payer en conséquence.

Le conducteur veillera soigneusement à ce que les chefs de brigade tiennent compte aux hommes et femmes qui la composent de ce qui leur revient. Si quelque chef de brigade prévariquait à cet égard, le conducteur en rendrait compte au commissaire, afin que non seulement il fût rendu justice à ceux qui auraient été lésés, mais encore que le prévaricateur fut puni sévèrement et destitué de ses fonctions de chef de brigade.

IV. De l’ordre de la comptabilité. Il est nécessaire que le commis conducteur et le caissier chargé des paiements tiennent un état exact et journalier de dépense, chacun pour ce qui les concerne ; et que ces états soient arrêtés régulièrement de semaine en semaine, et de mois en mois, par le subdélégué ou commissaire, sous la police duquel sera chaque atelier ; afin que celui-ci puisse tenir un compte exact de la recette et de la dépense générale.

Le commis conducteur doit tenir un état des tâches qu’il distribue et les inscrire par ordre de dates, à mesure qu’il les donne. Il doit, dans cet état, spécifier la nature de la tâche, le nom du chef de brigade avec lequel il a fait prix, et le nombre des travailleurs dont chaque brigade est composée ; enfin le prix dont il est convenu.

Il se conformera, pour la formation de ce registre, au modèle qui a été donné ci-dessus : après avoir rempli la colonne destinée à la spécification et à l’évaluation de la tâche, il laissera en blanc les deux dernières, pour les remplir successivement, et date par date, des notes des paiements acomptes, et de la réception de la tâche lorsqu’elle sera finie.

Le certificat de réception devant servir à l’ouvrier pour toucher du caissier ce qui lui restera dû pour sa tâche, en sus des acomptes qui lui auront été délivrés et auront été employés à sa nourriture, il est nécessaire qu’il contienne la mention du prix de la tâche et du montant des acomptes donnés, et en outre la mention de la bonne conduite du chef de brigade, et du montant de la gratification qui lui sera fixée. D’après ce certificat, le caissier fera le décompte de ce qui restera dû à ce chef de tâche, et lui en payera le montant.

Les autres frais, soit pour les appointements des piqueurs et conducteurs, soit pour les achats d’outils, soit pour tout autre objet, ne seront payés par le caissier que sur l’ordre du subdélégué ou du commissaire qui en tiendra lieu.

Le caissier sera tenu d’avoir un registre de recette et de dépense, où il inscrira, par ordre de date, de suite et sans interligne, toutes les recettes et dépenses de l’atelier.

L’argent lui sera remis au fur et à mesure des besoins par le subdélégué, auquel il en donnera quittance, et il s’en chargera sur son registre en recette.

Il gardera, pour pièces justificatives des paiements faits aux ouvriers, les certificats de réception du conducteur.

Quant aux autres payements, les ordres du subdélégué, et les reçus des parties prenantes, lui serviront de pièces justificatives

Le subdélégué, ou le commissaire chargé de l’atelier, arrêtera, semaine par semaine, le registre du conducteur et celui du caissier ; et il en fera de mois en mois un relevé qu’il adressera à M. l’intendant, pour lui faire connaître la dépense effective du mois.

4. Circulaire aux Intendants.

[A. Calvados, C. 3417.]

(Envoi de l’instruction précédente et d’une instruction sur l’ouverture de filatures.)

Paris, 8 mai.

J’ai l’honneur de vous adresser, M., quelques exemplaires de deux instructions, dont l’une a pour objet l’établissement et la régie des Ateliers de Charité et l’autre, celui des Filatures. La première est presque entièrement tirée des instructions que j’avais fait imprimer à Limoges pour l’administration des Ateliers de Charité qui y ont été établis pendant les quatre dernières années. Elle renferme ce que l’expérience m’a fait connaître de plus utile pour le soulagement des pauvres, eu égard aux circonstances locales. Je n’ai pas besoin de vous observer que ces circonstances n’étant pas partout les mêmes les principes de l’administration sur ce point, comme sur beaucoup d’autres, ne peuvent être réduits en maximes absolument générales et sans exception. Aussi, vous adressé-je cette instruction, moins comme une règle que vous deviez suivre sans jamais vous en écarter, que comme un exposé de ce qui m’a paru le plus utile, et de ce que je crois devoir être suivi avec les modifications que pourront nécessiter les circonstances locales particulières à votre généralité.

J’en dis autant de l’instruction pour l’établissement des Filatures. Elle avait été faite pour l’administration d’un établissement qui a été commencé cet hiver à Paris avec succès. Il peut se faire qu’elle ne convienne pas entièrement aux villes de votre département où ce secours peut être nécessaire ; j’ai pensé que, sur ce point, comme sur celui des Ateliers de Charité, il était moralement impossible d’établir des règles absolument générales et qui s’appliquassent à tous les temps et à tous les lieux. Je n’ai donc pu que vous donner des indications et me référer à votre prudence sur les changements que vous croirez devoir faire aux instructions ci-jointes, pour en rendre l’exécution plus avantageuse à la province qui vous est confiée.

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[1]  Si les paroisses qui auront souffert par la médiocrité des récoltes, et qui par cette raison ont besoin de secours, se trouvent à portée de villes qui puissent leur offrir un débouché, il serait peut-être plus à propos de consacrer les fonds qui leur auraient été destinés à y introduire des filatures. C’est aux personnes chargées de l’administration de chaque province qu’il appartient de considérer ce que les circonstances locales exigent pour tirer le parti le plus avantageux des secours accordés par le gouvernement. (Note de Turgot)

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