La colonne Vendôme

Lors des soulèvements de la Commune de Paris, en 1871, de nombreux monuments sont endommagés, détruits ou pillés. La colonne Vendôme, érigée jadis par Napoléon avec le métal des armes des vaincus de ses armées, a été abattue. La paix civile revenue, il est décidé qu’elle sera reconstruite — choix que Paul Brandat et Frédéric Passy, deux militants pacifistes, condamnent dans deux lettres, réunies en brochure. Les idées de fausse gloire nationale, de supériorité de la force sur la loi, associées à cette colonne, doivent être répudié dans le domaine des idées et des faits, si la France et l’Europe entière ne veut pas sombrer et se consummer elle-même par le feu et par le fer.

La profession d’avocat est-elle constituée en France en conformité des principes de l’économie politique ?

En 1887, la Société d’économie politique examine la question de la liberté du métier d’avocat, pour savoir s’il relève d’une activité économique comprise dans la sphère privée, ou si c’est un ministère tenant de si près à la magistrature, que des règles spéciales doivent impérativement l’encadrer. Selon certains membres, comme Alphonse Courtois ou Frédéric Passy, les justifiables auraient tout avantage à tirer parti de la liberté du métier d’avocat ; d’autres membres, cependant, tiennent pour le maintien des règles, qui permettent, disent-ils, d’éviter qu’un avocat libre, sans mœurs ni savoir, ne vienne perturber le fonctionnement de la justice, bien public par excellence.

Défense de la liberté du travail

Après Vincent de Gournay et la poignée d’auteurs qu’il mit à l’œuvre sur ce thème, les Physiocrates furent de grands défenseurs de la liberté du travail, condamnant le système des corporations et les innombrables règlements qui entravaient l’activité productive en France. Dans un chapitre de sa Première introduction à la philosophie économique (1771), Nicolas Baudeau reprend cette critique des règlements et défend dans toute sa rigueur une politique de liberté du travail.

La bibliothèque nationale et le communisme

Dans un passage de ses Soirées de la rue Saint-Lazare (1849), prochainement rééditées dans le volume 6 de ses Œuvres complètes, Gustave de Molinari offre une critique très vive de la Bibliothèque nationale et des institutions culturelles publiques ou subventionnées. La gratuité des bibliothèques, écrit-il, c’est du communisme, et dans l’intérêt même de la diffusion des lumières, il est urgent de fermer les bibliothèques publiques.

Le monopole de l’État sur le pétrole

Dans cet article de juin 1906, Yves Guyot critique les propositions faites pour transformer l’industrie du raffinage de pétrole en un monopole d’État. Il y voit un non respect de la propriété et des lois sur l’expropriation légale, ainsi qu’une source d’embarras futurs pour les finances publiques, l’État ayant prouvé à de nombreuses reprises qu’il était toujours mauvais industriel.

L’amortissement de la dette est-il préférable à la réduction des impôts?

En matière de finances publiques, le plus sage et le plus juste est de s’abstenir de faire des dettes, et de payer celles qu’on a contractées. Seulement, dans la situation où la France  et les principales nations de l’Europe se sont placés, d’une dette considérable jointe à une fiscalité déjà très forte, la question de la marche à suivre n’est pas aisée à clarifier. Pour Frédéric Passy et quelques autres, parlant à la Société d’économie politique (janvier 1877), c’est surtout affaire de circonstances et de mesure : quand le système fiscal est défectueux, par exemple, sans doute il serait maladroit de s’appuyer dessus pour réduire drastiquement la dette, et il convient donc dans ce cas de réformer l’impôt, avant d’amortir la dette.

Influence de la liberté religieuse sur le développement de la civilisation

Benjamin Constant a travaillé pendant quarante ans à un ouvrage sur l’histoire des religions, qui complète, sous de nombreux rapports, la doctrine libérale livrée par lui dans ses autres textes politiques. Pour permettre un premier accès à cet ouvrage monumental De la Religion, nous avons sélectionné ce premier extrait, issu des manuscrits, qui résume les arguments de l’auteur en une série de points, sur l’influence de la liberté religieuse sur le développement de la civilisation.

La protection de l’enfance

Aux premiers âges de la civilisation, la puissance paternelle ne connaît pas de bornes, et ce n’est que par le progrès de la civilisation, rappelle Yves Guyot, que peu à peu la protection de l’enfance a pu être comprise. Les statistiques judiciaires qu’il rappelle en 1894 prouvent que la maltraitance des enfants est un fléau que la police protège mal, dont elle accueille mal la dénonciation, et qu’elle sanctionne peu. Pourtant, soutient Yves Guyot, l’enfant est un être qui doit être protégé ; il doit recevoir des secours ; donner à la loi un rôle en cela, ce n’est pas empiéter sur les droits du père de famille, mais défendre les droits de l’enfant.

Des révolutions en général et des révolutionnaires actuels

Dans cet article, Charles Dunoyer fait état de l’état politique de la France après la fin des troubles de la période révolutionnaire et l’établissement de l’Empire par Napoléon. Si le temps des révolutions violentes est passé, l’héritage de la Révolution française doit lui être protégé, soutient-il, et à cet égard nulle faction n’est plus dangereuse que celle qui, sous le nom de révolutionnaire, ambitionne en fait une répudiation de tous les principes de la Révolution.

Liste complète des articles de Paul Leroy-Beaulieu dans l’Économiste Français (1873-1916)

De 1873 à sa mort en 1916, Paul Leroy-Beaulieu a publié chaque semaine un éditorial économique dans son journal L’Économiste Français. Pendant plus de quarante ans, il a examiné les grandes tendances du socialisme, du protectionisme, de l’étatisme, mais aussi les petits faits de l’actualité économique et financière. Son œuvre journalistique est un document de toute première importance pour celui qui s’intéresse au libéralisme ou à l’histoire économique et financière. — Pour faciliter la mobilisation de ce corpus exceptionnel, la table complète de ces articles, année par année, est désormais disponible sur le site de l’Institut Coppet.

La liberté des théâtres et le droit des pauvres

Dans cet article de 1869, Gustave de Molinari poursuit, dans le Journal des économistes, sa défense engagée depuis 20 ans déjà pour la liberté des théâtres. Le régime de monopole désormais aboli, il reste, analyse-t-il, à détruire la censure, la fiscalité exceptionnelle, et les nombreux règlements qui pèsent encore gravement sur cette industrie des spectacles et qui en arrêtent le développement.

Les crises commerciales et la liberté des banques 

Dans cet article de 1848, Charles Coquelin sonne la charge contre le système de banque privilégiée, qu’il accuse de multiplier les crises. « Il trompe le commerce, écrit-il, en ne l’excitant aujourd’hui que pour l’abandonner demain ; il l’induit dans des opérations qu’il ne lui permet pas ensuite de soutenir, et, par là, il l’expose à d’incalculables pertes. » L’alternative, l’auteur la trouve dans la liberté des banques.

Militarisme et protectionnisme

Vingt ans avant la Première Guerre mondiale, Frédéric Passy, plus tard premier Prix Nobel de la paix, rend compte pour le Journal des économistes d’une récente réunion publique à Milan, où les orateurs ont attaqué le militarisme et le protectionnisme, et vanté la création d’une Union européenne, vectrice de paix.

La modestie du laissez-faire

La promotion d’un ordre naturel et de la non-intervention de l’autorité dans le fonctionnement des institutions sociales et économiques provient de la reconnaissance de la limite de notre raison et de l’incapacité qui est la nôtre de comprendre les phénomènes complexes de la coopération sociale et d’agir sur eux de manière à obtenir des résultats en phase avec nos intentions.

La science subventionnée par l’État

En septembre 1888, Gustave de Molinari propose à la Société d’économie politique une question légère, une « question d’été » : celle de savoir si les institutions scientifiques, littéraires et artistiques, fondées et subventionnées par l’État, sont favorables au progrès ou si elles lui font obstacles. Pour lui, l’affaire est claire : l’intervention de l’État fausse en ce domaine la concurrence des idées et entrave la marche en avant de la société. La majorité des membres de la Société d’économie politique, cependant, ne se retrouvent pas de son avis : quelques-uns, surtout, tels Léon Say, étant membres de l’Institut, n’admettent pas les critiques portées contre ce corps savant.

Des spéculations de bourse et de leur influence sur la fortune publique, par Louis Reybaud

Au milieu du XIXe siècle, la bourse et les opérations financières commencent à prendre une importance démesurée, qui inquiète les économistes. Dans une vaste étude, Louis Reybaud examine les motifs de cet engouement et décèle la source de nombreux déboires futurs. La spéculation éhontée et la manipulation financière, qui prête appui à des combinaisons industrielles et commerciales parfois peu solides, est pour lui un mirage qui n’emporte actuellement la population que par le défaut d’une saine liberté des transactions : cette pleine liberté, en restreignant l’emprise des privilèges et monopoles, découragera les manipulateurs et enhardira les épargnants.

Le système de la participation aux bénéfices

En 1870, Paul Leroy-Beaulieu examine le système de la participation aux bénéfices, introduit depuis plusieurs décennies par quelques industriels précurseurs, et qui est défendu depuis peu comme une véritable panacée par certains réformateurs. Après un examen des faits, il conclut au scepticisme : la participation aux bénéfices est source de méprises et de déceptions, et elle n’a des chances de fonctionner un peu correctement que dans un nombre réduit d’industries, dont les circonstances sont propices. 

Effets comparés du sacerdoce et de la liberté

Benjamin Constant a travaillé pendant quarante ans à un ouvrage sur l’histoire des religions, qui complète, sous de nombreux rapports, la doctrine libérale livrée par lui dans ses autres textes politiques. Pour permettre un premier accès à cet ouvrage monumental De la Religion, nous avons sélectionné ce deuxième extrait, tiré du cinquième volume, et qui résume en quelques paragraphes l’un des développements majeurs du livre, en comparant les effets néfastes du monopole des prêtres à l’épanouissement et au perfectionnement continuel de la religion sous un régime de liberté.

Des privilèges de diplôme et d’école

Dans la France de la seconde moitié du XIXe siècle, la liberté du travail reste encore très incomplète ; la faute, notamment, à des barrières maintenues à l’entrée de certaines carrières, par différents diplômes et le passage préalable dans certaines écoles. Nul n’est avocat, médecin, militaire, etc., de son propre aveu, ou même en prouvant sa capacité : c’est la société mandarinale dénoncée par Jean-Gustave Courcelle-Seneuil.

Le socialisme d’État, par Léon Say

Dans cette conférence, donnée en novembre 1894, Léon Say évoque le développement dangereux du socialisme révolutionnaire et utopique, qui entend renverser les bases de la société et fonder les rapports des hommes entre eux sur un nouveau modèle. À côté de cette menace bruyante mais moins immédiatement dangereuse, à cause même de ses exagérations, il y a le socialisme d’État : c’est la doctrine des accommodements, de l’intervention modérée, et de ce qu’on nommera la sociale-démocratie. Pour Léon Say, cette dernière frange du socialisme est plus dangereuse encore : en brisant dans tous les domaines les ressorts de la liberté et de l’initiative individuelle, elle fait un mal immense, et au lieu de contenir les progrès du socialisme radical, comme elle y prétend, elle lui donne de l’aliment et le soutient, jusqu’à risquer de le rendre dominant.