Le physiocrate Abeille traduit en espagnol sous les ordres du Roi Carlos III

Louis-Paul Abeille, physiocrate aujourd’hui oublié, et qui est le seul des grands élèves de Quesnay à n’avoir jamais été l’objet d’un livre, connut en son temps une grande notoriété. En 1763-1764, il représentait l’une des forces sûres du petit groupe constitué autour de Quesnay et du marquis de Mirabeau. Ses premiers écrits en faveur du libre-échange — Lettre d’un négociant sur la nature du commerce des grains (1763) et Réflexions sur la police des grains en France et en Angleterre (1764) — développaient des idées fermes et connurent un grand succès.

On sait que par la suite, Abeille, qui se croyait et s’estimait un économiste de premier ordre, fut grandement peiné par les marques d’attention et d’estime qu’obtenait le tout jeune Dupont (de Nemours), qui débutait à peine dans cette carrière. Cette brouille personnelle dégénéra en opposition ouverte et causa l’éloignement d’Abeille du cercle des Physiocrates, en 1768.

Dès lors Abeille, qui représentait la branche plus laissez-fairienne, si l’on peut dire, des Physiocrates, tomba dans l’oubli.

En 1764, cependant, sa réputation était telle que le Roi d’Espagne Carlos III commanda une traduction de sa dernière brochure, les Réflexions sur la police des grains en France et en Angleterre (1764), qui parut sous le titre El trigo considerado como genero comerciable [Le blé considéré comme matière de commerce].

L’intervention royale nous est indiquée par un passage de la Gaceta de Madrid [Gazette de Madrid], n°24, en date du 12 juin 1764 :

« El Papel, intitulado : Et Trigo considerado como genero comerciable : traducido del Francés al Castellano de orden del Rey nuestro Señor, se hallará donde esta Gaceta ; y en Cadiz en casa de Salvador Sanchez, junto al Convento de S. Agustin. »

[« La brochure intitulée : Le blé considéré comme matière de commerce, traduit du français au castillan sous les ordres de notre Roi bien-aimé, sera disponible à l’adresse de cette Gazette, ainsi qu’à Cadiz, chez Salvator Sanchez, près du couvent Saint-Augustin. »]

Nous publierons très prochainement cette brochure d’Abeille.

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