Le libéralisme officiel à l’Académie des sciences morales et politiques

L’Académie des sciences morales et politiques a accompagné la croissance et le développement du libéralisme français pendant près d’un siècle, et aujourd’hui ses volumes de Séances et travaux sont d’une lecture instructive et enrichissante pour ceux qui aspirent à marcher sur les traces des esprits supérieurs qui y siégèrent. Cependant cette histoire et cet héritage n’est pas sans ambiguïtés. Tous ces auteurs qui ont œuvré pour la liberté du travail et de la pensée ont constitué une aristocratie de l’intelligence, à l’abri de privilèges et de dotations publiques. S’ils ont accompagné le progrès, en promouvant de leur place des réformes utiles, ils l’ont peut-être aussi entravé, en donnant à leur libéralisme un caractère officiel, et en limitant les potentialités d’institutions concurrentes, qui auraient mûri sous l’atmosphère vivifiante de la liberté.    

Le Japon. L’éveil d’un peuple oriental à la civilisation européenne

À la fin du XIXe siècle, le Japon, de même que la Chine, se réveille, porté par une population laborieuse et les acquis techniques, économiques et industriels de l’Occident. Tandis qu’à l’ouest on débat de la journée de 8 heures et de droits sociaux étendus, cette concurrence nouvelle prépare de grandes déconvenues, écrit Paul Leroy-Beaulieu en 1890. « Dans quelques dizaines d’années, ces deux méconnus [le Japon et la Chine], pourvus enfin de nos connaissances techniques et de nos machines, montreront aux nations européennes amollies ce que peuvent les peuples qui n’ont pas perdu la tradition du travail. »

De l’utilité et de l’inutilité des colonies (deuxième partie)

Malgré l’affirmation enthousiaste de Paul Leroy-Beaulieu, selon lequel la colonisation est une question jugée, et que tout le monde admet son utilité, le débat soulevé à la Société d’économie politique sur cette question fait apercevoir de vraies divisions. Face à Paul Leroy-Beaulieu, le plus affirmatif et résolu dans sa défense de la colonisation, Frédéric Passy et Émile Levasseur soutiennent que la conquête du monde par la race européenne ne mérite d’être faite que par le commerce et une colonisation non-violente, ou dans des territoires très rares où les conditions sont extrêmement propices. Yves Guyot rejette même tout idée de colonisation, et se lance dans un réquisitoire implacable, fondé sur les faits.

De l’utilité et de l’inutilité des colonies (première partie)

Malgré l’affirmation enthousiaste de Paul Leroy-Beaulieu, selon lequel la colonisation est une question jugée, et que tout le monde admet son utilité, le débat soulevé à la Société d’économie politique sur cette question fait apercevoir de vraies divisions. Face à Paul Leroy-Beaulieu, le plus affirmatif et résolu dans sa défense de la colonisation, Frédéric Passy et Émile Levasseur soutiennent que la conquête du monde par la race européenne ne mérite d’être faite que par le commerce et une colonisation non-violente, ou dans des territoires très rares où les conditions sont extrêmement propices. Yves Guyot rejette même tout idée de colonisation, et se lance dans un réquisitoire implacable, fondé sur les faits.

L’immigration — La question des Chinois en Californie, des Juifs en Roumanie, etc.

En 1880, quand on met au débat à Société d’économie politique la question générale de l’immigration, à travers quelques exemples fameux comme les Chinois en Californie, les discussions prennent un tour assez inédit. Chacune des grandes autorités du libéralisme économique présent ce jour développe une pensée autonome et en opposition radicale. Pour Joseph Garnier, par exemple, le mélange des races est un procédé naturel d’amélioration et la concurrence et la liberté du travail des principes supérieurs, qu’il convient de maintenir toujours, et ce malgré les pressions politiques. Pour Paul Leroy-Beaulieu, d’un autre côté, l’immigration introduit des risques majeurs, notamment de dénationalisation, qui militent en faveur de mesures restrictives. Entre les deux prennent place encore mille sensibilités, qui prouvent la fracture ancienne de cette famille de pensée sur une question d’application restée très actuelle.

Les inspirations libérales d’Émile Zola dans Germinal

Passé à la postérité comme un roman résolument socialiste, le Germinal de Zola s'inspire en réalité d'une large littérature libérale (Yves Guyot, Paul Leroy-Beaulieu, Jules Simon), qui teinte la narration d'un arrière-fond critique. Le socialisme, but apparent, est maltraité page après page. Sous la plume de l’auteur, il n’est plus que messianisme sans substance, euphorie de violence sans but. Les socialistes y sont montrés comme ne s’entendant jamais entre eux, consumant leurs forces dans des guerres internes, et prêts à tous les sacrifices pour mettre en application le plan précis dont leur intelligence a accouché.

Le Code civil et la question ouvrière

En 1886, une discussion s’engage à l’Académie des sciences morales et politiques sur le contrat de travail et la législation qui l’encadre. Pour Paul Leroy-Beaulieu, l’un des intervenants, la loi n’a plus grand’chose à faire dans la question : à part la question spéciale des femmes, dont la liberté du travail est incomplète, et qui ne jouissent pas comme elles devraient de la libre disposition du salaire, le législateur aurait tort d’intervenir dans les rapports entre employés et employeurs. Même pour le cas des accidents du travail, alors largement débattu, on devrait recourir d’abord à l’assurance libre, et ne pas postuler d’emblée qu’une loi générale est nécessaire.

L’écologie dans la tradition libérale française

Les grands auteurs qui ont fondé en France la doctrine du libéralisme étaient en grande majorité des ruraux, attentifs à la nature. Dans le domaine des idées, ils ont traité (parfois en vrais pionniers) de thèmes authentiquement écologistes, mettant en avant des convictions étonnantes, et aboutissant à revendiquer, par exemple chez Paul Leroy-Beaulieu, au XIXe siècle, un rôle de protection par l'État des ressources et des richesses du territoire de la France.

La carrière de Paul Leroy-Beaulieu

Avec Paul Leroy-Beaulieu s’éteint, à la fin de l'année 1916, l’une des dernières grandes autorités françaises en matière de libéralisme économique. Parvenu à l’heure du bilan, René Stourm, son ami de longue date, retient dans un article donné à la Revue des Deux Mondes, la cohérence et la continuité de son œuvre, au cours d’une carrière savante qui aura duré plus de cinquante ans et lui aura valu les plus grandes récompenses.

La Normandie, vivier du libéralisme français — Turgot, Tocqueville, et bien d’autres

La Normandie peut s'enorgueillir d'avoir été à l'origine de quelques-uns des plus grands noms du libéralisme français. Pierre de Boisguilbert, l'abbé de Saint-Pierre, Turgot, Dupont de Nemours, Alexis de Tocqueville, Frédéric Passy ou Paul Leroy-Beaulieu partagent de mêmes origines, que Benoît Malbranque, chercheur à l'Institut Coppet, dévoile et investigue dans cette nouvelle vidéo.

La rapide croissance des dépenses publiques en France

Dans son article hebdomadaire de L'Économiste Français (11 mai 1878), Paul-Leroy Beaulieu attaque la folie dépensière des gouvernements de son temps. « La Chambre cède à un entraînement imprudent vers les augmentations de dépenses, écrit-il ; elle ne tient qu'un compte médiocre du contribuable ; il semble que ce personnage soit pour elle un être abstrait, qui n'ait ni chair ni os, qui ne subisse aucune privation, aucune gène et dont on puisse tirer, sans manquer à la justice, tout ce qu’il peut produire. »

La tendance à une moindre inégalité des conditions

Dans son livre remarquable, De la répartition des richesses et de la tendance à une moindre inégalité des conditions, Paul Leroy-Beaulieu s’attache à récuser les prophètes de malheur qui promettent à l’ouvrier une condition de plus en plus déplorable, face à la richesse croissante des propriétaires terriens et des industriels. Dans la conclusion de son volumineux ouvrage, il revient sur quelques-unes des raisons qui prouvent, selon lui, que l’avenir amènera une inégalité toujours moindre des conditions, du moins si l’État ne vient pas paralyser ce mouvement.

Le travail des femmes au XIXe siècle, par Paul Leroy-Beaulieu (1873)

En 1870, le libéralisme français fait encore un accueil mitigé aux théories féministes qui, depuis plusieurs décennies déjà, se développent et s’affirment. Cette année-là, un concours de l’Académie des sciences morales et politiques récompense un mémoire du jeune Paul Leroy-Beaulieu, dont la sensibilité généreuse se mêle à une rigueur théorique digne d’éloge, et qui réconcilie la tradition de pensée du libéralisme français avec les revendications des droits des femmes. Dans son étude sur le travail des femmes, il étudie l’ouvrière dans ses métiers de prédilection, examine sa condition et les causes de son abaissement moral et économique. Pour elle, il demande de la reconnaissance, mais surtout des garanties plus grandes pour sa liberté.
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La crise du fromage de Roquefort

Les grands économistes libéraux français ont parfois été, comme on le sait moins, des dirigeants d’entreprise à succès. Paul Leroy-Beaulieu, administrateur puis président du conseil d’administration de la Société Roquefort, fait figure d’exemple. En cette qualité, il fut appelé à se prononcer en 1897, quand le fromage roquefort connut une certaine crise. 
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Paul Leroy-Beaulieu et le dégoût pour la politique, d’après sa correspondance inédite

Mêlé aux luttes politiques locales et nationales, du fait de l’ascendant que sa jeune carrière académique brillante lui avait fait prendre, Paul Leroy-Beaulieu ne tarda pas à déchanter. Élection après élection, séance publique après séance publique, il traçait un portait noir de la vie politique et de ses acteurs. « Très sérieusement, concluait-il avec pessimisme, je crois qu’il n’y a rien à faire en politique et que le mieux serait de rompre tout à fait avec cette affreuse besogne. La France est un pays perdu. »