Le libéralisme est pluriel et doit accepter le débat d’idées

Le libéralisme en France est une citadelle assiégée, et c’est pitié de voir les assaillis se saisir les uns les autres par le col pour se bagarrer. Mais le libéralisme comme système de pensée a toujours été pluriel, tous les grands auteurs se sont combattus, ont été combattus par des libéraux tout aussi authentiques qu’eux-mêmes pouvaient l’être. Les divergences relèvent de l’essence du libéralisme ; l'union, utile et souhaitable, est une question de stratégie.

Le libéralisme économique en France de 1695 à 1776

Le libéralisme économique en France de 1695 à 1776 pèche certainement par l’absence d’ouvrage doctrinal complet, qui offrirait une synthèse facile d’accès. Mais à travers tous les écrits fournis à la postérité par cette poignée d’auteurs, de Boisguilbert à Condillac en passant par d'Argenson, Gournay, les physiocrates, Turgot, on retrouve une pensée puissante et volontiers radicale, qui se fait jour au milieu d’un système de pensée ouvert, tolérant, humaniste, cosmopolite, qui est aussi l’une de ses plus grandes richesses.

Introduction au Dictionnaire de la tradition libérale française

L’ambition de ce dictionnaire est d’examiner, sur la base de la plus complète documentation, l’état des esprits libéraux sur l’ensemble des questions qui peuvent avoir une résonance actuelle, ou qui ont eu une importance passée. Il comprendra aussi bien des entrées pour chacun des penseurs importants de la tradition libérale française — du physiocrate Louis-Paul Abeille à l’économiste et juriste Louis Wolowski —, que des articles thématiques sur des sujets tels que ceux du premier volume : les accidents du travail, l’Algérie, l’avortement, l’anarchie, ou les attributions de l’État. L’objectif est d’éclairer la route par la mobilisation de l’héritage intellectuel global qu’a laissé cette masse incroyable de penseurs féconds. « Le premier besoin pour demeurer ou pour devenir un peuple libre », écrivait en son temps Gustave de Beaumont, « c’est de comprendre la liberté, et les conditions auxquelles on la garde après l’avoir conquise. » (L’Irlande, etc., 1845, p. xviii) À ce titre, l’opinion des maîtres peut servir. 

Factum de la France contre les demandeurs en délai pour l’exécution du projet traité dans le Détail de la France ou le nouvel ambassadeur arrivé du pays du peuple

Pierre de Boisguilbert, « Factum de la France contre les demandeurs en délai pour l’exécution du projet traité dans le Détail de la France ou le nouvel ambassadeur arrivé du pays du peuple », 1705 — [Archives du ministère des affaires étrangères, France article 1138, Affaires intérieures 398, f°79-220. (Microfilmé) — Pierre de Boisguilbert ou la naissance de l’économie politique, INED, 1966, vol. I.] — Transmis en 1705, mais composé peut-être dès 1695.

La modestie du laissez-faire

La promotion d’un ordre naturel et de la non-intervention de l’autorité dans le fonctionnement des institutions sociales et économiques provient de la reconnaissance de la limite de notre raison et de l’incapacité qui est la nôtre de comprendre les phénomènes complexes de la coopération sociale et d’agir sur eux de manière à obtenir des résultats en phase avec nos intentions.

L’abbé de Saint-Pierre, pour la paix et la liberté

Au début du XVIIIe siècle, inspiré par les exemples de Descartes, Vauban ou Boisguilbert, l'abbé de Saint-Pierre (1658-1743) a multiplié les écrits et les projets pour défendre le double idéal de la paix et de la liberté. Avec plusieurs siècles d'avance, il a proposé l'instauration d'institutions internationales pour garantir la paix et la liberté du commerce. Au sein de l'économie politique naissante, il a participé à rectifier les idées sur le commerce, la monnaie, l'impôt. À Saint-Pierre-Église, dans le château où il est né et où il a composé la plupart de ses grands projets, Benoît Malbranque raconte la vie et les idées de ce chaînon manquant entre le classicisme et les Lumières, qui a servi d'inspiration à plusieurs générations de penseurs épris de l'idée de liberté.

L’homme aux quarante écus et les physiocrates, par Anselme Batbie

Dans cette conférence donnée en 1864, Anselme Batbie examine l’origine et les mérites du livre que Voltaire consacra aux questions fiscales et économiques sous le titre de L’homme aux quarante écus (1768). Il retrace d’abord les progrès de la science économique au XVIIIe siècle sous l’impulsion des physiocrates et explique leur conception de l’impôt unique. Enfin Batbie étudie la valeur de la critique que Voltaire a spirituellement adressée dans son livre aux physiocrates et à ce principe fiscal plus tard renié par la science.

Abus

Dictionnaire de la tradition libérale française, par Benoît Malbranque ABUS. Les libéraux ont traqué les abus dans les lois et les institutions de leur temps. Pierre Bayle, Rabelais, Voltaire et les philosophe... LIRE LA SUITE

L’abbé de Saint-Pierre, lecteur de Sully

Dans son fameux Projet de paix perpétuelle (1713, 1717), l'abbé de Saint-Pierre soutient, citations à l’appui, que Sully et Henri IV avaient eu en leur temps le même projet que lui : former une alliance des États européens qui se garantiraient les uns les autres la possession tranquille de leur territoire respectif, afin de mettre fin à toute guerre offensive.

La Normandie, vivier du libéralisme français — Turgot, Tocqueville, et bien d’autres

La Normandie peut s'enorgueillir d'avoir été à l'origine de quelques-uns des plus grands noms du libéralisme français. Pierre de Boisguilbert, l'abbé de Saint-Pierre, Turgot, Dupont de Nemours, Alexis de Tocqueville, Frédéric Passy ou Paul Leroy-Beaulieu partagent de mêmes origines, que Benoît Malbranque, chercheur à l'Institut Coppet, dévoile et investigue dans cette nouvelle vidéo.

La liberté d’écrire sur les affaires de l’État

« Il ne faut pas s'y tromper : toutes les grandes opérations, en matière d'administration, ont besoin d'être aidées de l'opinion publique, ou du moins ne peuvent réussir si elles ont l'opinion publique contre elles. Or, il n'y a point de moyen plus prompt pour diriger cette opinion, que la voie de l'impression, surtout lorsqu'on ne veut montrer aux hommes que la vérité, et qu'on ne cherche que leur bonheur. »

Mémoire sur faciliter et avancer la levée d’un grand nombre de charges (1691)

Dans ce mémoire, joint à sa première lettre au ministère, Boisguilbert attaque un premier pan des erreurs administratives que l’ancienne monarchie commettait dans la perception des droits et la police des fonctions publiques. Observant que des titulaires de charge les abandonnent fréquemment pour éviter d’en payer les frais, ou que les jeunes avocats se perdent dans une jeunesse licencieuse, pour apprendre un droit romain qui n’est pas même la base de la législation sur laquelle ils auront à exercer, il commande de répondre à l’un et l’autre abus par des réformes.

L’opportunité des réformes

Les partisans de l'immobilisme piègent toujours les artisans des réformes dans le dilemme de l'impossibilité provisoire. De nos jours, ce sont le problème du terrorisme puis la pandémie qui rendraient vaines les aspirations aux libertés. Déjà, à la toute fin du XVIIe siècle, Pierre de Boisguilbert, le premier théoricien du laissez-faire, luttait contre de tels arguments : la guerre, lui disait-on, empêchait la réforme des impôts et la libéralisation du commerce des grains. Dans un texte brillant, il apportait sa réponse.

Les débuts des éditions Guillaumin d’après le Journal de la librairie

Dans les premiers temps de sa carrière d’éditeur libéral, Gilbert Guillaumin fit usage du Journal de la librairie pour annoncer ses nouvelles parutions et transmettre diverses informations. L’analyse de ces communications publicitaires, faite ici pour la première fois, nous raconte le développement de cette entreprise, les grandes parutions, mais aussi les retards souvent accumulés.

Qui étaient vraiment les Physiocrates?

La physiocratie est connue pour être la première école de pensée économique de l’histoire. Les doctrines et le tempérament vrai de cette poignée d’auteurs sont toutefois difficiles à dévoiler, et restent prisonniers de mythes, propagés par les livres d’histoire. Leur libéralisme n’est pourtant éclatant et porteur de sens, que compris dans ses nuances.

Les origines chinoises du libéralisme

À l'aube du siècle des Lumières, le modèle chinois, porté par les missionnaires jésuites, s'est imposé en Europe. Pour Pierre Bayle ou Voltaire, la Chine devient un modèle de tolérance, et pour Boisguilbert, le marquis d'Argenson, les physiocrates et Turgot, cette nation illustre la mise en pratique de l'économie politique du laissez-faire, qu'ils développent parallèlement. Retour, avec ce livre, sur une influence majeure, réexaminée avec soin.