Jean-Édouard Horn – Les idées économiques de Boisguilbert

On peut apprécier, en lisant cette étude, la valeur et la nouveauté d’idées destinées à devenir centrales dans les discussions économiques des XVIIIe et XIXe siècles, comme l’impôt, le commerce, la rente de la terre, le rôle de l’État. Ayant fait le choix de ne consacrer que quelques lignes ou quelques pages aux premiers travaux d’histoire de Boisguilbert, à ses activités rurales, ou à son expérience de lieutenant-général à Rouen, Horn est en mesure de faire ressortir le détail et la profondeur de la pensée de l'auteur sur des questions qui, s’étant posées à lui vers 1690, et pouvant servir à la réflexion de lointains lecteurs, au XIXe, et aujourd’hui au XXIe siècle, avaient en effet besoin d’être bien contextualisées. C’est à ce titre que son ouvrage mérite encore d’être lu, et de servir de manuel pour la connaissance de Boisguilbert, l’un des premiers fondateurs du libéralisme économique en France.

La réforme des impôts et le bon marché de la vie

Porté par la doctrine physiocratique, qu’il avait adopté vingt ans plus tôt, Nicolas Baudeau poursuit, à la veille de la Révolution, la critique du système fiscal d’Ancien régime, qu’il accuse de multiplier les frais, les commis, et partant le prix de la vie. Plutôt qu’un aménagement, il demande sa suppression pure et simple, soutenant, avec son ton vigoureux, que « ce n’est pas la tige des mauvaises plantes qu’on doit raccourcir, mais les racines qu’il faut arracher jusqu’à la dernière. »

Y a-t-il des impôts moralisateurs, et, dans le cas de l’affirmative, à quels caractères les reconnaît-on ?

En décembre 1888, Frédéric Passy, Léon Say, Henri Baudrillart et quelques autres examinent à la Société d’économie politique la question des impôts moralisateurs. Ce n’est pas à proprement un objectif légitime pour l’impôt, disent-ils généralement, que de moraliser : s’il est justement réparti, et instauré pour de bons motifs, il donne un bon exemple ; mais au-delà, l’objectif de dissuader par ce moyen la consommation d’alcool ou de tabac, par exemple, n’est pas légitime. Entre deux impôts, celui qui moralise vaut mieux que celui qui démoralise, mais ce n’est pas l’objectif premier de la fiscalité : celle-ci doit pouvoir aux dépenses collectives, et non régenter et régénérer l’humanité.

L’homme aux quarante écus et les physiocrates, par Anselme Batbie

Dans cette conférence donnée en 1864, Anselme Batbie examine l’origine et les mérites du livre que Voltaire consacra aux questions fiscales et économiques sous le titre de L’homme aux quarante écus (1768). Il retrace d’abord les progrès de la science économique au XVIIIe siècle sous l’impulsion des physiocrates et explique leur conception de l’impôt unique. Enfin Batbie étudie la valeur de la critique que Voltaire a spirituellement adressée dans son livre aux physiocrates et à ce principe fiscal plus tard renié par la science.