À toutes les époques, le libéralisme français a été traversé par deux courants : ceux qui admirent la religion catholique et la présentent comme le soutien nécessaire de l’avancée vers la liberté ; et ceux qui la condamnent, la moquent ouvertement et espéreraient qu’elle s’effaçât ou qu’elle n’eût pas existé.
Sur la question de l’impossibilité du dirigisme, le nom de Ludwig von Mises doit rester éternel. Il lui faudrait toutefois partager cette gloire avec un petit groupe d’audacieux penseurs français, les Physiocrates. Car c’est en France, dans l’agitation autour de la question — vitale au premier degré — de la liberté du commerce du blé, que les premiers arguments sur l’impossibilité du dirigisme s’étaient fait jour.
Jeune professeur, co-directeur de la Revue d’histoire des doctrines économiques, Edgard Depitre rééditait les grands économistes libéraux du passé, les Physiocrates en tête. Il préparait d’autres rééditions — qui auraient été si utiles pour que la France se souvînt de son héritage libéral — quand la guerre se déclara. Il est mort au combat, en novembre 1914.
Dans le monde universitaire, les spécialistes actuels de la Physiocratie sont des adversaires du libéralisme. Un livre collectif récent regroupe les contributions de plusieurs d’entre eux sur les anti-physiocrates, auteurs qui aident, disent-ils, à remettre en question les lois naturelles de l’économie et à lutter contre le néolibéralisme, l’ennemi ultime.
Vivant au milieu d'une société sur-gouvernée, dit Jean-Baptiste Say en 1819, il peut être difficile de concevoir l'idée d'une organisation sociale sans gouvernement. L'expérience nous prouve cependant, dit-il, qu'une société peut bien, à la rigueur, se passer de gouvernement.
Dans cette brochure parue en 1888, Yves Guyot pointe du doigt les contradictions et les sophismes dans lesquels ont sombré le général Boulanger et ses partisans. Pour Guyot, « rendre le pouvoir au peuple » n’est en vérité qu’une rhétorique habile qui cache une volonté d’accroître le pouvoir que la puissance publique fait peser sur les citoyens.
Candidat à la chambre des députés de Belgique, Gustave de Molinari se prononce dans sa profession de foi de 1859 en faveur de la liberté des langues, dans ce pays où cohabitent wallons et flamands. Sans renier son appartenance à la culture française et à sa langue, il veut qu’une place égale soit laissée au flamand, comme vecteur de culture et outil d’expression d’une part de la communauté nationale.
En cette année 1918, le temps est pour la France à la reconstruction et au redémarrage de l’économie nationale. Pour se relever des ruines, il faut compter, dit Georges de Nouvion, sur l’initiative individuelle et la concurrence, et refuser tous les monopoles que des esprits bornés et imprudents proposent, comme celui de l’assurance.
Tour à tour philosophe (proche de Victor Cousin), homme d’État, journaliste, et économiste, Jules Simon doit être célébré par tous pour avoir défendu la République et la liberté, à une époque où l’une et l’autre étaient mal comprises et plus vivement attaquées que défendues.
En 1853, Tocqueville, déjà affaibli par la maladie, se retire en solitaire en Touraine, où il va habiter une maison à Saint-Cyr, non loin des archives départementales de Tours dans lesquelles il comptait puiser pour y tirer des matériaux pour son grand livre l'Ancien Régime et la Révolution.
Pendant des décennies, les économistes libéraux français — de Maurice Chevalier à Paul Leroy-Beaulieu, en passant par Léon Say — se sont enthousiasmés devant l’idée d’un tunnel sous la Manche. Pionniers finalement malheureux, ils ont accompagné les premiers pas d’une œuvre vectrice de paix et de prospérité.
Le pacifisme du futur doit être résolument fondé sur la défense d’un ordre économique libéral bâti sur la propriété privée des moyens de production. C’est en ce sens qu’il faut comprendre cette célèbre phrase de Mises : « Quiconque souhaite la paix entre les peuples doit combattre l’étatisme. »
En 1911, le Nord est touché par des agitations, pillages, perquisitions dans les magasins et voies de fait contre des marchands, tout cela sous l’œil bienveillant des autorités. Pour Yves Guyot, c’est l’État qui, par son inertie volontaire, face à des atteintes aux personnes et aux biens, est responsable de cette énième manifestation de la violence syndicale.
En 1919, après avoir dû quitter le confort de la scène intellectuelle de Vienne pour rejoindre le front des combats, Mises revient à ses activités et prépare un ouvrage, Nation, État et Économie, dans lequel il entend tirer les leçons du récent conflit mondial, redresser les conceptions erronées que les hommes se sont faites sur la nation, et fixer la voie pour un avenir plus radieux.
Poussée par les vents de la révolte populaire, la prose de Molinari et de Bastiat, corrosive et brillante, acquiert en 1848 un caractère peut-être unique. Et pourtant on a peu lu, jusqu’à ce jour, les articles de l’éphémère Jacques Bonhomme, une feuille libérale très vindicative, publiée parmi tant d'autres, au milieu des insurrections de juin 1848.
La Première Guerre mondiale a provoqué des destructions et des maux infinis. La solution pour l’avenir, écrit Ludwig von Mises en 1919, est dans l’application des principes du libéralisme, non dans la revanche et la renaissance de l’impérialisme.
Dans le premier volume de son Cours complet d’économie politique pratique, Jean-Baptiste Say, qui fut un temps, lui-même, un entrepreneur, développe quelques conseils aux apprentis entrepreneurs qui composent certainement son auditoire. La frugalité dans les dépenses et les investissements, surtout, est l’objet de son attention.
En complément de l'étude précédente sur la conception que Molinari se faisait du rôle des religions dans les sociétés contemporaines et antiques, nous publions ici une lettre inédite que l'économiste belge envoya à Charles-Alexandre-Prosper Haulleville (1830-1898), journaliste belge qui venait de publier une recension du livre Religion (1892) de Molinari.
Dans Religion (1892), Molinari soutient que la religion, besoin naturel de l’homme, fut dans l’histoire un facteur d’ordre et de paix, qu’elle a entraîné à sa suite plus d’avantages que de maux, et qu'elle est encore appelée à jouer dans l'avenir un rôle déterminant.