Défense de la liberté du travail

Après Vincent de Gournay et la poignée d’auteurs qu’il mit à l’œuvre sur ce thème, les Physiocrates furent de grands défenseurs de la liberté du travail, condamnant le système des corporations et les innombrables règlements qui entravaient l’activité productive en France. Dans un chapitre de sa Première introduction à la philosophie économique (1771), Nicolas Baudeau reprend cette critique des règlements et défend dans toute sa rigueur une politique de liberté du travail.

Deuxième mémoire (inédit) sur les corporations et la liberté du travail

En 1753, Vincent de Gournay avait composé un mémoire pour la Chambre de commerce de Lyon, offrant une critique vaste et profonde du système des corporations de métiers et réclamant l’établissement de la liberté du travail. La Chambre de commerce avait offert ses observations critiques en réponse. Un second mémoire avait alors été composé par Gournay, dont l’original français a été perdu : il existe cependant dans une traduction suédoise de 1756, laquelle nous permet aujourd’hui de publier, traduit en français le plus fidèlement possible, ce second mémoire resté inédit. Gournay y maintient sa défense de la liberté du travail et cherche quelles mesures douces et comme de compromis pourraient être acceptées et faire avancer la liberté du travail même par petits pas.

Communauté (Commerce), par Véron de Forbonnais (1753)

« Le premier principe du commerce est la concurrence ; c’est par elle seule que les arts se perfectionnent, que les denrées abondent, que l’État se procure un grand superflu à exporter, qu’il obtient la préférence par le bon marché, enfin qu’il remplit son objet immédiat d’occuper et de nourrir le plus grand nombre d’hommes qu’il lui est possible. Il n’est aucune exception à cette règle… »

Des anciennes corporations d’arts et métiers en France

Sous l'Ancien régime, l'artisanat et le commerce étaient enserrés dans le système ultra-réglementaire et monopolistique des corporations, qui paralysait le progrès économique et asservissait producteurs et consommateurs. À ceux qui réclamaient en son temps un retour à la réglementation des métiers, Charles Renouard traçait, dans le Journal des économistes de mars 1843, le sinistre tableau des corps d'Ancien régime. — « Pour être fort contre le monopole, écrivait-il, il faut étudier le passé, le remuer souvent, en tracer des tableaux fidèles. Le passé abonde en enseignements profitables aux esprits les plus progressifs ; il permet à qui le connaît de demander à ceux qui le regrettent et le réclament en quelle année de toute notre histoire ils prétendraient se placer pour y trouver à l'industrie une condition meilleure qu’aujourd’hui. »
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Le libéralisme de Boulainvilliers

Henri de Boulainvilliers est peut-être l'auteur le plus intéressant à consulter sur la situation des provinces françaises et sur leur commerce au début du XVIIIe siècle. Avant Boisguilbert, Gournay et les Physiocrates, il dénonce le système des règlements et se prononce pour une liberté absolue du travail et du commerce.