Les tarifs de chemins de fer et l’autorité de l’État (1880)

Comme la majorité des économistes libéraux de la seconde moitié du XIXe siècle présents dans les cercles officiels tels l’Académie des sciences morales et politiques, Léon Aucoc, auteur par ailleurs prolifique dans le Journal des économistes, défend un libéralisme modéré et consensuel, qui abandonne plusieurs facettes du programme des J.-B. Say ou des Bastiat. Ainsi, sur la question des chemins de fer, il n’est plus temps, d’après lui, de repousser l’intervention de l’autorité pour la délimitation des tracés, les mesures de sécurité ou le niveau des tarifs : il faut — et il agit dans ce sens dans cette étude de 1880 que nous republions — se borner à conseiller à l’État une maîtrise et une surveillance juste et sensée de cette sphère d’activité, qui dépend à présent de son pouvoir.

Relire ‘Corinne’ de Germaine de Staël

Dans son roman Corinne (1807), traduit dans de multiples langues et fréquemment réédité, Germaine de Staël offre une version d'elle-même dans un personnage féminin puissant et idéalisé, qui lui permet de travailler des notions toujours controversées comme la nationalité (opposé au cosmopolitisme, qu'elle revendique), ou encore le féminisme, dont toute son œuvre témoigne. S'inspirant librement de situations biographiques, le roman offre encore, par touches successives, une remise en cause très âpre du régime de Napoléon, alors régnant.

Les colonies et la politique coloniale de la France

En 1865, la parution d’un ouvrage sur ce thème est l’occasion pour Michel Chevalier d’engager devant l’Académie des sciences morales et politiques, où les libéraux sont majoritaires, une discussion sur les colonies et la politique coloniale de la France. Au sein de ce cercle du libéralisme officiel, le scepticisme envers le bien-fondé de la colonisation ne trouve pas de place : l’un après l’autre, les orateurs, tous célèbres pour leur contribution au libéralisme, étudient les raisons pour lesquelles la France peine encore à développer ses colonies, toujours d’après un présupposé partagé, que la colonisation est une visée noble pour la France.

L’abbé de Saint-Pierre, lecteur de Sully

Dans son fameux Projet de paix perpétuelle (1713, 1717), l'abbé de Saint-Pierre soutient, citations à l’appui, que Sully et Henri IV avaient eu en leur temps le même projet que lui : former une alliance des États européens qui se garantiraient les uns les autres la possession tranquille de leur territoire respectif, afin de mettre fin à toute guerre offensive.

L’influence de la spéculation sur les cours des produits agricoles en France

En 1905, la Société d’économie politique, avec notamment Paul Leroy-Beaulieu et Yves Guyot, met en débat la question de la spéculation et des trusts ou ententes, et de leurs effets sur le mouvement des prix. La couverture des risques, rendue possible par la spéculation et les marchés boursiers, est saluée comme utile et bénéfique ; quant aux trusts, l’expérience n’est pas lue par tous de la même manière ; la condamnation de l’entente, de la part de penseurs qui se signalent par leur attachement pour la liberté, apparaît même comme quelque peu contre-intuitive.

Conférence sur le capital (1895)

Tandis que dans les publications socialistes et les discours politiques de ceux qui font commerce d’une opposition bien sensible entre exploiteurs et exploités, le capital est présenté comme un vampire, s’engraissant par les efforts non-payés des salariés, Yves Guyot expose, dans une conférence populaire, ce qu’est le capital, et ce qu’il peut faire pour la prospérité nationale lorsqu’on ne lui fait pas la guerre.

Les trade’s unions et l’Association internationale des travailleurs

À la veille de l’embrasement révolutionnaire de la Commune de 1870, le jeune Paul Leroy-Beaulieu analyse le développement des syndicats ou trade’s unions en Angleterre, ainsi que la récente organisation française, aux allures menaçantes, connue sous le nom d’Association internationale des travailleurs. Il examine ses procédés de combat social et les déceptions qu’amènent leur remue-ménage et leurs convictions hostiles. 

L’écologie dans la tradition libérale française

Les grands auteurs qui ont fondé en France la doctrine du libéralisme étaient en grande majorité des ruraux, attentifs à la nature. Dans le domaine des idées, ils ont traité (parfois en vrais pionniers) de thèmes authentiquement écologistes, mettant en avant des convictions étonnantes, et aboutissant à revendiquer, par exemple chez Paul Leroy-Beaulieu, au XIXe siècle, un rôle de protection par l'État des ressources et des richesses du territoire de la France.

Alexis de Tocqueville, un «libéral d’une espèce nouvelle»

Contre les libéraux de son temps, antireligieux pour les uns, et qui feraient pour les autres « bon marché du libre arbitre et des lois pour pouvoir dormir tranquilles dans leur lit », Tocqueville se place en libéral d’une espèce nouvelle, ami de la morale et de la religion, comme il l’explique à son ami Eugène Stöffels dans cette lettre rédigée à l’été 1836.

La carrière de Paul Leroy-Beaulieu

Avec Paul Leroy-Beaulieu s’éteint, à la fin de l'année 1916, l’une des dernières grandes autorités françaises en matière de libéralisme économique. Parvenu à l’heure du bilan, René Stourm, son ami de longue date, retient dans un article donné à la Revue des Deux Mondes, la cohérence et la continuité de son œuvre, au cours d’une carrière savante qui aura duré plus de cinquante ans et lui aura valu les plus grandes récompenses.

Introduction à la huitième année du Journal des économistes

Après une année de troubles, marquée par les évènements de février puis de juin 1848, le Journal des Économistes dresse un premier bilan d’ensemble pour ouvrir sa huitième année d’existence. Face à la menace socialiste, qui couve encore malgré ses récentes défaites, l’organe du libéralisme économique maintient fermement ses valeurs et ses idéaux, qu’il propose en contre-poison pour rétablir la société sur ses bases sérieusement ébranlées. 

Michel Montaigne et diverses questions d’économie politique et d’administration, par A. Grün

Pour approfondir la reconnaissance de Montaigne comme précurseur des économistes, Alphonse Grün poursuit la discussion engagée dans un précédent article, et reproduit, dans le Journal des économistes, une pièce d’archives alors tout juste découverte. Il s’agit d’une réclamation signée par Montaigne, et provenant des archives municipales de Bordeaux (ville dont il fut le maire pendant quatre années), et qui signalent l’inégalité de l’impôt et la triste situation des campagnes après les guerres de religion.

Les Gaulois étaient-ils des libéraux ?

Pour se faire une idée complète et juste de la trajectoire du libéralisme en France, il est impossible de prendre l’époque de tel ou tel penseur comme une table rase. Puisque les idées ont une filiation, il n’est pas inutile de pousser la curiosité au plus loin, et de se demander si les Gaulois, anciens habitants de ce qui est devenu la France, ont légué à leurs successeurs un héritage d’indépendance, d’individualité et de progressisme, ou ou tout à l’inverse, de fanatisme, de violence et de rapine.

Les sociétés anonymes en Angleterre et en Italie

Si les sociétés anonymes sont les formes les plus adaptées à l’économie industrielle moderne, juge Paul Leroy-Beaulieu, encore faut-il que le cadre réglementaire qui les concerne n’empêche pas leur développement juste et légitime. L’État, écrit-il en 1869, ne peut et ne doit exercer un contrôle direct ou soumettre les sociétés anonymes à des autorisations législatives. Il y a une place pour lui, toutefois, dans un soutien intelligent apporté aux actionnaires pour exiger la publicité, la transparence et la vérité des informations sur lesquelles reposent leurs investissements.

Le renchérissement de la vie

Vers la fin du XIXe siècle, la hausse apparente du coût de la vie, dans les villes surtout, sert de prétexte à des attaques contre le libre-échange et l’économie de marché. D’après les économistes libéraux de la Société d’économie politique, cette accusation est maladroite, car elle compare des réalités extrêmement différentes : les modes de vie ont évolué, et le luxe d’hier est devenu nécessité ; ainsi ce n’est pas une enrichissement, mais un raffinement de la vie qui a eu lieu véritablement. 

La Normandie, vivier du libéralisme français — Turgot, Tocqueville, et bien d’autres

La Normandie peut s'enorgueillir d'avoir été à l'origine de quelques-uns des plus grands noms du libéralisme français. Pierre de Boisguilbert, l'abbé de Saint-Pierre, Turgot, Dupont de Nemours, Alexis de Tocqueville, Frédéric Passy ou Paul Leroy-Beaulieu partagent de mêmes origines, que Benoît Malbranque, chercheur à l'Institut Coppet, dévoile et investigue dans cette nouvelle vidéo.

De l’organisation des armées dans les États, par Gustave du Puynode

Moins d’un an après que le président Louis-Napoléon Bonaparte soit devenu l’Empereur des Français, Gustave du Puynode étudie, dans un article courageux dont la rédaction du Journal des économistes lui laisse timidement la responsabilité, la nature et le rôle des armées dans les sociétés libres et industrielles. Contre Benjamin Constant et d’autres esprits libéraux, qui veulent réformer ou supprimer l’armée, il réclame la constitution forte d’une armée de volontaires, tenus par l’ordre et la disciple, et payés pour leur fonction, laquelle ne doit être légitimement que la protection du territoire national.

De la liberté humaine au point de vue moral, religieux, économique et politique

Convaincu que la défense de la liberté, et son succès pratique en France, ne peuvent être espérés à moins d’une conviction généralement partagée de ses mérites, Ambroise Clément creuse ici la notion même de la liberté, pour que son procès soit correctement instruit. Il écarte les sophismes et les sophistes, et trace l’idéal que doivent se donner la loi et le gouvernement, pour que la société soit libre, éclairée, et progressive, plutôt qu’asservie, décadente et démoralisée.

La domesticité est-elle un esclavage ?

Au XIXe siècle, c’est par dizaines de milliers que des jeunes filles quittent chaque année les campagnes qui les ont vu naître, pour s’engager au service exclusif d’une famille, qu’elles serviront alors comme bonne ou bonne à tout faire. Ce régime de la domesticité, qui a pour P. A. Vée certaines ressemblances avec l’esclavage antique, s’il satisfait certaines exigences de la société moderne, n’est pas sans produire de détestables effets sur la moralité et l’économie générale. Pesant le pour et le contre, l’auteur cherche une voie qui puisse faire abandonner cette forme du travail, sur lequel on a accordé, d’après lui, une attention encore trop réduite.

Résultats de la liberté parfaite et de l’immunité absolue du commerce des grains

Sous l’Ancien régime, la question brûlante du commerce des grains, agitée par les économistes, produisit des évolutions législatives importantes. Entre 1763 et 1768, l’école physiocratique parvient à obtenir des aménagements aux règlements, en faveur de davantage de liberté. Mais devant les mauvaises récoltes, les partisans des anciens monopoles et restrictions, malheureux de ne plus tirer profit de leurs privilèges, agitent le peuple et cherchent à le convaincre que cette liberté et cette immunité du commerce des grains est une politique funeste. Contre ces cris, qui sont pour lui des erreurs, Nicolas Baudeau reproduit à nouveau la défense de la liberté du commerce et indique les solutions que le marché et la concurrence peuvent seuls fournir.