Influence de la liberté religieuse sur le développement de la civilisation

Benjamin Constant a travaillé pendant quarante ans à un ouvrage sur l’histoire des religions, qui complète, sous de nombreux rapports, la doctrine libérale livrée par lui dans ses autres textes politiques. Pour permettre un premier accès à cet ouvrage monumental De la Religion, nous avons sélectionné ce premier extrait, issu des manuscrits, qui résume les arguments de l’auteur en une série de points, sur l’influence de la liberté religieuse sur le développement de la civilisation.

La protection de l’enfance

Aux premiers âges de la civilisation, la puissance paternelle ne connaît pas de bornes, et ce n’est que par le progrès de la civilisation, rappelle Yves Guyot, que peu à peu la protection de l’enfance a pu être comprise. Les statistiques judiciaires qu’il rappelle en 1894 prouvent que la maltraitance des enfants est un fléau que la police protège mal, dont elle accueille mal la dénonciation, et qu’elle sanctionne peu. Pourtant, soutient Yves Guyot, l’enfant est un être qui doit être protégé ; il doit recevoir des secours ; donner à la loi un rôle en cela, ce n’est pas empiéter sur les droits du père de famille, mais défendre les droits de l’enfant.

Des révolutions en général et des révolutionnaires actuels

Dans cet article, Charles Dunoyer fait état de l’état politique de la France après la fin des troubles de la période révolutionnaire et l’établissement de l’Empire par Napoléon. Si le temps des révolutions violentes est passé, l’héritage de la Révolution française doit lui être protégé, soutient-il, et à cet égard nulle faction n’est plus dangereuse que celle qui, sous le nom de révolutionnaire, ambitionne en fait une répudiation de tous les principes de la Révolution.

Liste complète des articles de Paul Leroy-Beaulieu dans l’Économiste Français (1873-1916)

De 1873 à sa mort en 1916, Paul Leroy-Beaulieu a publié chaque semaine un éditorial économique dans son journal L’Économiste Français. Pendant plus de quarante ans, il a examiné les grandes tendances du socialisme, du protectionisme, de l’étatisme, mais aussi les petits faits de l’actualité économique et financière. Son œuvre journalistique est un document de toute première importance pour celui qui s’intéresse au libéralisme ou à l’histoire économique et financière. — Pour faciliter la mobilisation de ce corpus exceptionnel, la table complète de ces articles, année par année, est désormais disponible sur le site de l’Institut Coppet.

La liberté des théâtres et le droit des pauvres

Dans cet article de 1869, Gustave de Molinari poursuit, dans le Journal des économistes, sa défense engagée depuis 20 ans déjà pour la liberté des théâtres. Le régime de monopole désormais aboli, il reste, analyse-t-il, à détruire la censure, la fiscalité exceptionnelle, et les nombreux règlements qui pèsent encore gravement sur cette industrie des spectacles et qui en arrêtent le développement.

Les crises commerciales et la liberté des banques 

Dans cet article de 1848, Charles Coquelin sonne la charge contre le système de banque privilégiée, qu’il accuse de multiplier les crises. « Il trompe le commerce, écrit-il, en ne l’excitant aujourd’hui que pour l’abandonner demain ; il l’induit dans des opérations qu’il ne lui permet pas ensuite de soutenir, et, par là, il l’expose à d’incalculables pertes. » L’alternative, l’auteur la trouve dans la liberté des banques.

Militarisme et protectionnisme

Vingt ans avant la Première Guerre mondiale, Frédéric Passy, plus tard premier Prix Nobel de la paix, rend compte pour le Journal des économistes d’une récente réunion publique à Milan, où les orateurs ont attaqué le militarisme et le protectionnisme, et vanté la création d’une Union européenne, vectrice de paix.

La modestie du laissez-faire

La promotion d’un ordre naturel et de la non-intervention de l’autorité dans le fonctionnement des institutions sociales et économiques provient de la reconnaissance de la limite de notre raison et de l’incapacité qui est la nôtre de comprendre les phénomènes complexes de la coopération sociale et d’agir sur eux de manière à obtenir des résultats en phase avec nos intentions.

La science subventionnée par l’État

En septembre 1888, Gustave de Molinari propose à la Société d’économie politique une question légère, une « question d’été » : celle de savoir si les institutions scientifiques, littéraires et artistiques, fondées et subventionnées par l’État, sont favorables au progrès ou si elles lui font obstacles. Pour lui, l’affaire est claire : l’intervention de l’État fausse en ce domaine la concurrence des idées et entrave la marche en avant de la société. La majorité des membres de la Société d’économie politique, cependant, ne se retrouvent pas de son avis : quelques-uns, surtout, tels Léon Say, étant membres de l’Institut, n’admettent pas les critiques portées contre ce corps savant.

Des spéculations de bourse et de leur influence sur la fortune publique, par Louis Reybaud

Au milieu du XIXe siècle, la bourse et les opérations financières commencent à prendre une importance démesurée, qui inquiète les économistes. Dans une vaste étude, Louis Reybaud examine les motifs de cet engouement et décèle la source de nombreux déboires futurs. La spéculation éhontée et la manipulation financière, qui prête appui à des combinaisons industrielles et commerciales parfois peu solides, est pour lui un mirage qui n’emporte actuellement la population que par le défaut d’une saine liberté des transactions : cette pleine liberté, en restreignant l’emprise des privilèges et monopoles, découragera les manipulateurs et enhardira les épargnants.

Le système de la participation aux bénéfices

En 1870, Paul Leroy-Beaulieu examine le système de la participation aux bénéfices, introduit depuis plusieurs décennies par quelques industriels précurseurs, et qui est défendu depuis peu comme une véritable panacée par certains réformateurs. Après un examen des faits, il conclut au scepticisme : la participation aux bénéfices est source de méprises et de déceptions, et elle n’a des chances de fonctionner un peu correctement que dans un nombre réduit d’industries, dont les circonstances sont propices. 

Deuxième mémoire (inédit) sur les corporations et la liberté du travail

En 1753, Vincent de Gournay avait composé un mémoire pour la Chambre de commerce de Lyon, offrant une critique vaste et profonde du système des corporations de métiers et réclamant l’établissement de la liberté du travail. La Chambre de commerce avait offert ses observations critiques en réponse. Un second mémoire avait alors été composé par Gournay, dont l’original français a été perdu : il existe cependant dans une traduction suédoise de 1756, laquelle nous permet aujourd’hui de publier, traduit en français le plus fidèlement possible, ce second mémoire resté inédit. Gournay y maintient sa défense de la liberté du travail et cherche quelles mesures douces et comme de compromis pourraient être acceptées et faire avancer la liberté du travail même par petits pas.

Réponse de la Chambre de commerce de Lyon au mémoire de M. Gournay du 24 février 1753

En février 1753, Vincent de Gournay avait communiqué à la Chambre de commerce de Lyon un mémoire offrant une critique d'ensemble, et particulièrement radicale, du système des corporations de métiers, aussi appelés communautés ou jurandes. La Chambre de commerce de Lyon prit naturellement le contrepied de son argumentaire libéral, dans la réponse qu'elle fit préparer. Les règlements, les liens, les servitudes que les corporations imposent à l'artisanat, au commerce et à l'industrie, ne sont pas pour elle des obstacles au progrès : ce sont ces règlements, ces liens, etc., qui garantissent la prospérité d'une ville comme Lyon. — À cette défense éhontée des règlements, Gournay prépara immédiatement une réponse, qui était restée inédite en Français jusqu'à aujourd'hui.

Premier mémoire sur les corporations et la liberté du travail, adressé à la Chambre de commerce de Lyon

Dans son premier mémoire sur les corporations de métiers, Gournay signale les abus sans nombre de ces institutions ultra-réglementaires. Il accuse leurs règlements de ralentir le progrès par la fixation des méthodes de travail, de proscrire l'ouvrier pauvre par des frais sans cesse plus élevés, ou encore de produire des conflits incessants entre les artisans d'une même matière, qui plaident pour s'exclure mutuellement et exercer plus sûrement leur monopole. Radical dans sa critique et son opposition aux corps de métiers, Gournay appelle de ses vœux — et prépare, par son argumentaire — l'avènement de la liberté du travail la plus complète possible.

Effets comparés du sacerdoce et de la liberté

Benjamin Constant a travaillé pendant quarante ans à un ouvrage sur l’histoire des religions, qui complète, sous de nombreux rapports, la doctrine libérale livrée par lui dans ses autres textes politiques. Pour permettre un premier accès à cet ouvrage monumental De la Religion, nous avons sélectionné ce deuxième extrait, tiré du cinquième volume, et qui résume en quelques paragraphes l’un des développements majeurs du livre, en comparant les effets néfastes du monopole des prêtres à l’épanouissement et au perfectionnement continuel de la religion sous un régime de liberté.

Des privilèges de diplôme et d’école

Dans la France de la seconde moitié du XIXe siècle, la liberté du travail reste encore très incomplète ; la faute, notamment, à des barrières maintenues à l’entrée de certaines carrières, par différents diplômes et le passage préalable dans certaines écoles. Nul n’est avocat, médecin, militaire, etc., de son propre aveu, ou même en prouvant sa capacité : c’est la société mandarinale dénoncée par Jean-Gustave Courcelle-Seneuil.

Le socialisme d’État, par Léon Say

Dans cette conférence, donnée en novembre 1894, Léon Say évoque le développement dangereux du socialisme révolutionnaire et utopique, qui entend renverser les bases de la société et fonder les rapports des hommes entre eux sur un nouveau modèle. À côté de cette menace bruyante mais moins immédiatement dangereuse, à cause même de ses exagérations, il y a le socialisme d’État : c’est la doctrine des accommodements, de l’intervention modérée, et de ce qu’on nommera la sociale-démocratie. Pour Léon Say, cette dernière frange du socialisme est plus dangereuse encore : en brisant dans tous les domaines les ressorts de la liberté et de l’initiative individuelle, elle fait un mal immense, et au lieu de contenir les progrès du socialisme radical, comme elle y prétend, elle lui donne de l’aliment et le soutient, jusqu’à risquer de le rendre dominant.

De la liberté des professions médicales

En 1884, Arthur Mangin défend devant la Société d’économie politique une position audacieuse et controversée. Il soutient que les professions de médecin ou de pharmacien devraient pouvoir être exercées librement, sans diplôme officiel ni monopole. Si quelques-uns de ses collègues, comme Yves Guyot, se rangent à ses arguments, la plupart protestent devant ce qu’ils considèrent être une exagération et une impraticabilité.

À quoi ressemblerait une société communiste ?

En 1895, communistes et socialistes radicaux menacent par leurs percées électorales récurrentes de se rendre prochainement les maîtres du pouvoir politique dans l’un des principaux pays de l’Europe occidentale. Commentant la situation anglaise, Yves Guyot trace le tableau assez noir, mais rétrospectivement très vrai, de la société communiste que préparent ces agitateurs. Ce serait une égalité dans la misère, tempérée par quelques privilèges pour la classe dirigeante et ses sbires ; ce serait la léthargie, l’imprévoyance érigées en dogmes, dans le domaine du travail et des arts ; enfin ce serait la contrainte et la répression continuelle, la « dictature militaire », pour briser les désirs de liberté des citoyens récalcitrants. 

L’assurance obligatoire des ouvriers contre les infirmités et la vieillesse. Deuxième article (8 décembre 1888)

En 1888, Bismarck introduit en Allemagne un système d’assurance obligatoire contre les infirmités et des pensions de retraites. Ce dernier système, surtout, est plein de désillusions et de périls futurs, alerte Paul Leroy-Beaulieu. À la place des pensions de retraites fournies par les entreprises et les sociétés de prévoyance, l’État installera un système plein de déceptions et de travers financiers. L’engrenage est tellement à redouter dans ce domaine, que pour Leroy-Beaulieu, il vaut mieux que l’État s’abstienne tout à fait, et qu’il laisse fonctionner les retraites privées.