Les indications d’origine et les tendances protectionnistes

En 1913, le développement massif des échanges internationaux induit qu’un nombre toujours croissant de produits étrangers sont vendus en France. Mais, dans le cadre même du libre-échange, n’y a-t-il pas utilité pour l’État d’obliger les produits à porter une marque d’origine, garantissant la loyauté des échanges ? À la Société d’économie politique, qui discute alors ce thème, beaucoup se rangent à cet avis. Pour certains, cependant, tels Paul Leroy-Beaulieu, l’obligation n’a pas lieu d’être : il faudrait uniquement forcer le fabricant qui choisit d’apposer une marque, à la faire non trompeuse.

L’État doit-il se substituer aux particuliers pour introduire dans le pays une industrie que l’initiative privée, par oubli ou calcul, n’y acclimate pas ?

Au moins depuis Frédéric Bastiat, les libéraux français ont été solidement attachés au libre-échange, et adversaires du protectionnisme. Mais ce courant ayant ses sensibilités, l’attachement au libre-échange n’était pas, chez tous, inconditionnel : ainsi, à la Société d’économie politique, la question de la protection des industries naissantes (éternel bastion de repli du protectionnisme battu) est source en 1890 d’une légère division.

L’industrie et les taxes douanières

Deux ans après la débâcle de la guerre franco-prussienne et les troubles de la Commune de Paris, l’économie française est encore en convalescence quand Paul Leroy-Beaulieu écrit le premier éditorial de son journal L’Économiste français. Évoquant la réforme des traités de commerce, alors pendante, il recommande la prolongation du régime de libre-échange inauguré en 1860 comme une mesure temporaire de bon-sens, qui doit permettre le rétablissement de la fortune publique et privée, mise à mal par les récents évènements.

Débat sur le socialisme avec Victor Considérant

Le 2 janvier 1848, dans une réponse à une lettre de Victor Considérant, Frédéric Bastiat critiquait en ces termes les subventions gouvernementales prévues pour venir en aide à des industries malades : « Mais alors, ces industries ruineuses (devenues lucratives par des largesses du public), je vous demanderai avec quoi elles se développeront. Avec du capital, sans doute. Et d’où sortira ce capital ? Des autres canaux de l’industrie où il gagnait sans mettre la main au budget. Ce que vous proposez revient donc à ceci : Décourager les bonnes industries pour encourager les mauvaises ; faire sortir le capital d’une carrière où il s’accroît pour le faire entrer dans une voie où il se détruit, et faire supporter la destruction, non par l’industriel maladroit et malavisé, mais par le contribuable. »