Communauté et communisme

À la veille du déchaînement révolutionnaire de la Commune de Paris, Frédéric Passy attaque les idées désormais populaires du communisme. Cette théorie lui paraît tout à la fois réfutée par la pratique et la théorie. Elle n’aboutit, en fin d’analyse, qu’au dénuement commun et à l’arrêt du progrès, lequel n’est stimulé, l’espèce humaine étant ce qu’elle est, que par le mobile de l’intérêt personnel. En renversant la propriété et en niant la liberté, le communisme se montre ainsi l’ennemi de la communauté des hommes.

De l’instruction secondaire en France, de ses défauts, de leurs causes, et des moyens d’y remédier

En 1846, Frédéric Passy entre dans la carrière de l’économie politique en suivant les traces de son père, Hippolyte Passy, contributeur habituel du Journal des économistes et membre de l’Académie des sciences morales et politiques. Avec mesure et même une sorte de timidité, qui tranche avec ses prises de position audacieuses de la suite de sa carrière, il étudie alors les réformes à introduire dans l’instruction secondaire, vantant notamment l’introduction des sciences et des langues vivantes.

Laissons Faire, n°44, avril 2022

Au programme de ce nouveau numéro : Le pacifisme libéral du Nouveau Cynée (1623), par Benoît Malbranque. — Les syndicats et l'Association internationale des travailleurs, par Paul Leroy-Beaulieu (1870). — Rapport sur les projets d'impôts progressifs sur les successions et sur le revenu, par Ernest Martineau (1897). — Conférence sur la crémation, par Frédéric Passy (1890). — Recension critique : Germaine de Staël, Corinne ou l'Italie, réédition Classiques Garnier, 2022, 465 pages.

La Normandie, vivier du libéralisme français — Turgot, Tocqueville, et bien d’autres

La Normandie peut s'enorgueillir d'avoir été à l'origine de quelques-uns des plus grands noms du libéralisme français. Pierre de Boisguilbert, l'abbé de Saint-Pierre, Turgot, Dupont de Nemours, Alexis de Tocqueville, Frédéric Passy ou Paul Leroy-Beaulieu partagent de mêmes origines, que Benoît Malbranque, chercheur à l'Institut Coppet, dévoile et investigue dans cette nouvelle vidéo.

Laissons Faire, n°43, mars 2022

Au programme de ce nouveau numéro : Les Gaulois étaient-ils libéraux ?, par Benoît Malbranque. — Lettre sur la paix, par Frédéric Passy (1867). — Le problème du pétrole en France. Discussion à la Société d’économie politique (1928). — Les débuts de la guerre de sécession américaine, par Henri Baudrillart (1861). — Recension critique : Carole Dornier, La Monarchie éclairée de l’abbé de Saint-Pierre. Une science politique des modernes, Voltaire Foundation, University of Oxford, 2020, 429 pages. 

La crémation

Après avoir défendu à la tribune cette cause qui était pour lui une conviction, et qu’il matérialisera lui-même par ses dernières volontés, Frédéric Passy prenait la parole en 1895 devant la Société de crémation, pour cette pratique de l’incinération qu’il défendait contre les dangers sanitaires des enterrements. Naturellement, dans cette cause, il invoquait la liberté, non la contrainte : il voulait rendre autorisée cette pratique mal considérée par quelques églises officielles, fondant son espoir dans la tolérance et la promotion des idées.

L’interdiction de la pornographie est-elle contraire aux principes du libéralisme ?

En 1891, la Société d'économie politique met à l'ordre du jour la question de la littérature pornographique. Tous les membres présents, dont Léon Say et Frédéric Passy, se prononcent pour l'interdiction. Cette curieuse unanimité illustre les limites de l’adhésion des économistes du XIXe siècle à l’interprétation pleine et entière du laissez-faire laissez-passer.

Lettre sur la paix

Quelques années avant la guerre franco-prussienne de 1870, les difficultés s’amoncellent déjà et font craindre à l’horizon la rupture de la paix. Pour Frédéric Passy, plus tard premier Prix Nobel de la paix (1901), l’heure est urgente : il faut, dit-il, se liguer pour la paix, promouvoir l’idée de la paix et la faire dominer les esprits, si l’on veut s’épargner les désastres de la guerre.

Utilité de l’enseignement des notions de la science économique aux jeunes filles

L’économie politique est la science qui traite des prix, des salaires, des impôts, des échanges, et en somme des interactions humaines : elle est par conséquent utile à connaître pour tous les hommes, et aussi pour les femmes, auxquelles ces questions ne peuvent être indifférentes, ainsi que tâche de le démontrer Frédéric Passy dans cette conférence préliminaire d’un cours d’économie politique, en 1870.

L’Ancien Régime et le nouveau

Dans sa recension de l’Ancien régime et la Révolution de Tocqueville (1856), Frédéric Passy salue avant tout l’œuvre de l’historien impartial et consciencieux, qui met au jour des documents nouveaux, et inaugure une nouvelle interprétation de la Révolution. Il trouve encore dans ce livre la justification des doctrines de liberté que propagent aussi l’économie politique.

Du développement des travaux publics en temps de crise comme moyen d’en atténuer les effets

Réunie le 5 avril 1883, la Société d’économie politique examine la question du recours à l’État entrepreneur de travaux publics, comme ressource en temps de crise. La plupart des membres qui s’y expriment soutiennent, comme Frédéric Passy, que cette intervention est malavisée, coûteuse et inefficace, et que les crises ne se liquident bien que d’elles-mêmes.
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L’avenir de l’Europe

Conférence de l'infatigable pacifiste, Frédéric Passy, en 1895, lucide et visionnaire. « Le présent, vous le connaissez : toute la population valide de l'Europe se préparant à se massacrer mutuellement ; personne, il est vrai, ne voulant attaquer, tout le monde protestant de son amour de la paix et de sa résolution de la maintenir, mais tout le monde sentant qu'il suffit de quelque incident imprévu, de quelque accident impossible à prévenir pour que d'un moment à l'autre l'étincelle tombe, sur ces amas de matières inflammables qu'on amoncelle imprudemment sur les champs et sur les routes, et fasse sauter, pour ainsi dire, l'Europe tout entière. »

Réflexions sur le journalisme libéral, à propos de «Contrepoints»

Le journalisme libéral est un métier exigeant. Il est très difficile de le faire seul, et déjà assez risqué de s’y aventurer avec une belle équipe de rédacteurs aguerris. La ligne éditoriale est une question de mesure : la rigueur absolue est impraticable, et le journaliste intelligent sait « mettre de l’eau dans son vin » sans se renier ; mais l’ouverture aussi doit avoir ses bornes, car sans cela l’identité propre du journal serait perdue de vue. Elle dépend aussi de l’état du marché, du nombre et de la qualité des contributeurs potentiels, et des idées du consommateur. On peut être innovateur, et aussi on peut ne pas l’être. Mais il faut toujours avoir des capacités managériales, au-delà même du journalisme pur, car la production de cette denrée immatérielle qui s’appelle une idée, ou en pratique un article, un journal, requière la collaboration de multiples personnes, qu’il faut savoir conduire.

La guerre a-t-elle encore une raison d’être ?

Si la guerre et l’esprit de la guerre se maintiennent dans les sociétés modernes, intéressées au plus haut point à leur abolition, c’est qu’il est une sorte de gens dont elle flatte la vanité et dont elle sert discrètement les intérêts. Pour ceux qui rêvent d’accroître les attributions du gouvernement, d’en centraliser l’exercice entre leurs mains, de préparer même les esprits à un règne d’arbitraire et de compression, la guerre est le plus sûr et le plus court moyen.

Antisémitisme et libéralisme

Une sympathie pour la cause palestinienne peut s’entendre, dans l’optique du libéralisme. On peut être libéral et faire preuve de sympathie pour la cause d’un peuple persécuté qui lutte pour sa liberté avec des moyens répréhensibles : Gustave de Beaumont, au XIXe siècle, a passé sa vie dans cet équilibre. L’antisionisme même a des précédents : Yves Guyot, grand défenseur des juifs, grand acteur de la défense de Dreyfus, a écrit contre de le projet de formation d’un État juif en Palestine (Le Siècle du 4 juillet 1899). Mais l’antisémitisme proprement dit, dans l’histoire du libéralisme, ne se rencontre pas, et au contraire tous les auteurs se rejoignent pour le combattre.

Le libéralisme officiel à l’Académie des sciences morales et politiques

L’Académie des sciences morales et politiques a accompagné la croissance et le développement du libéralisme français pendant près d’un siècle, et aujourd’hui ses volumes de Séances et travaux sont d’une lecture instructive et enrichissante pour ceux qui aspirent à marcher sur les traces des esprits supérieurs qui y siégèrent. Cependant cette histoire et cet héritage n’est pas sans ambiguïtés. Tous ces auteurs qui ont œuvré pour la liberté du travail et de la pensée ont constitué une aristocratie de l’intelligence, à l’abri de privilèges et de dotations publiques. S’ils ont accompagné le progrès, en promouvant de leur place des réformes utiles, ils l’ont peut-être aussi entravé, en donnant à leur libéralisme un caractère officiel, et en limitant les potentialités d’institutions concurrentes, qui auraient mûri sous l’atmosphère vivifiante de la liberté.    

Réponse à M. Léon Say

Dans le Journal des économistes de septembre 1884, Ernest Martineau avait réclamé contre le libellé d’une question à la Société d’économie politique, portée par Léon Say, sur le motif qu’elle se fondait sur le postulat erroné que la liberté produit des torts, qu’il peut être dès lors souhaitable ou nuisible de combattre. Léon Say ayant répondu entre temps que son opinion n’était pas que la liberté produit des torts, Martineau peut se féliciter de cet accord sur ce point qu’il considère comme important.

L’alcool et l’alcoolisme vus par les libéraux français

Au XIXe siècle, les libéraux français assistent à l’accroissement d’un mal social particulièrement pernicieux : l’alcoolisme. Face à cette menace, ils proposent des solutions fondées principalement sur l’initiative individuelle et l’association volontaire. Si un débat existe parmi eux sur le recours à l’État et à l’impôt, ils se retrouvent à l’unisson pour combattre les projets de prohibition ou de monopole de l’alcool.