Gustave de Molinari – Les soirées de la rue Saint-Lazare

Pour défendre la doctrine de la liberté, battue en brèche par les socialistes et par les conservateurs, Gustave de Molinari publie en 1849, l’ère des révolutions à peine refermée, un grand ouvrage sous la forme de conversations. Après Frédéric Bastiat, il ose transporter dans la science économique cette forme classique de la philosophie, immortalisée par Platon, pour éclairer les questions les plus âprement débattues, comme la propriété privée, le capital, ou le rôle de l’État. Introduction brillante aux principes du libéralisme, ce livre pédagogique ouvre aussi de nouvelles perspectives, son auteur ayant mis en avant, dans sa discussion des fonctions de l’État, des idées novatrices, radicales et stimulantes.

Gustave de Molinari – La conquête de la Chine

Pour Gustave de Molinari, écrivant en 1856, c’est-à-dire au milieu des guerres de l’opium et peu avant le sac du Palais d’Été, la Chine doit être conquise, et sa civilisation rétrograde et décadente doit s’ouvrir aux idées et aux produits de l’Occident. Pour accomplir cette « expropriation pour cause de civilisation », il conçoit un plan et mobilise l’opinion publique. La compatibilité de ces recommandations avec les principes du libéralisme n’est pas évidente, et cette pièce d’histoire est ici republiée pour être jugée.

Pierre de Boisguilbert – Écrits économiques (2 volumes)

Personnage haut en couleur, Pierre de Boisguilbert (1646-1714) s’est opposé à la politique mercantiliste et réglementaire héritée de Colbert, et dans plusieurs ouvrages rendus publics malgré la censure, il en prit le contrepied en développant — le premier — une théorie du laissez-faire, où la puissance publique n’est plus agissante, mais laisse les hommes rechercher leur intérêt. Cette collection se présente en deux volumes. Le premier contient ses ouvrages imprimés, le Détail de la France (1695) et les divers mémoires contenus dans le Factum de la France (1707). Le second offre à lire sa correspondance, à laquelle on a joint quelques mémoires additionnels.

Yves Guyot – Lettres sur la politique coloniale

En 1885, la colonisation française s’accélère, avec la conquête du Tonkin et la constitution, bientôt, de l’Indochine française. Libéral aux convictions complètes, Yves Guyot ne reste pas silencieux face à ce mouvement, et il oppose une réfutation en règle aux sophismes coloniaux qui inondent alors la tribune et la presse. La « mission civilisatrice » des nations civilisées, l’« expansion de la race française », la « diffusion des idées françaises », le « débouché pour nos produits » : tous mots sonores qui ne tiennent pas face à l’examen impartial des faits. C’est un réquisitoire terrible, éloquent et chargé d’une saine émotion, qu’on lira dans ce livre pour la première fois réédité.

Charles Dunoyer – L’industrie et la morale considérées dans leurs rapports avec la liberté

Dans cet ouvrage — son premier exposé doctrinal, qui préfigure le Nouveau traité d’économie sociale (1830) et De la liberté du travail (1845), qui n’en sont que des continuations — Charles Dunoyer examine la question de la liberté humaine d’une manière essentiellement nouvelle. Les individus, soutient-il, sont d’autant plus libres qu’il font un usage sage et raisonné de leurs facultés, et qu’ils parviennent à vaincre, non tant leurs despotes, qu’eux-mêmes, leur ignorance et leurs vices. C’est en devenant instruits, industriels et moraux, qu’ils peuvent acquérir une plus grande liberté d’action. Aussi est-il vrai de dire que la source de leur liberté se trouve en eux-mêmes.

Abbé de Saint-Pierre – Projet pour rendre la paix perpétuelle en Europe

Dans les trois volumes du Projet de paix perpétuelle, parus entre 1713 et 1717, l’abbé de Saint-Pierre a fait davantage que dénoncer les ravages de la guerre. L’un des premiers, il a posé les bases d’institutions internationales que l’avenir seul serait chargé d’organiser, et qui viseraient à étendre enfin à l’échelle du monde cet État de droit protecteur de la liberté humaine. Alors les frontières seraient arrêtées, elles ne pourraient plus être violées impunément ; les souverains videraient leurs différends par la conciliation, dans le sein d’une grande assemblée. Ce projet a été traité de rêve, d’utopie ; l’auteur fut appelé un illuminé. Mais comme Copernic, que ses adversaires accusaient d’être fou, l’abbé de Saint-Pierre a pour lui le temps, qui se chargera bien de prouver de quel côté était la folie.

Germaine de Staël – Le Mannequin

La Collection Jeunesse des éditions de l'Institut Coppet s'agrandit, avec la parution d'un nouveau titre. Le Mannequin, de Germaine de Staël (1811), met en scène une jeune femme qui invente un ingénieux stratagème pour délier son père des obligations qu'il a contractées, et s'offrir la liberté d'épouser l'homme qu'elle aime. C'est un plaidoyer pour l'accomplissement des femmes, composé par celle dont le talent et les idées firent naître tant de haines et de persécutions.

Gustave de Beaumont – Marie ou l’esclavage aux États-Unis

En 1831, Beaumont et Tocqueville avaient découvert l’Amérique, et après avoir d’abord imaginé d’écrire ensemble un grand livre, ils se partagèrent cette tâche, car Beaumont avait été saisi par une question qu’il n’était plus libre d’abandonner. Au-delà même de la plaie de l’esclavage, s’était présentée à lui l’absurdité de la ségrégation raciale et l’injustice du sort des indigènes. L’homme de sentiment qui, peut-être, chez lui, dominait l’être de raison, en revint bouleversé ; son sens de la justice était pour toujours heurté, et il se dégoûta à jamais de l’Amérique. Afin de sensibiliser l’opinion publique, il se décida à écrire un roman, Marie, qui présenterait le tableau de ces injustices américaines. Si ce livre n’est pas passé à la postérité comme un chef-d’œuvre de notre langue, à côté des classiques de la littérature, il a pour le recommander d’être le premier consacré aux persécutions contre les esclaves émancipés, et l’un des plus criants manifestes en faveur de l’émancipation humaine, de même qu’un cri d’humanisme qu’on peut encore entendre aujourd’hui.

Benoît Malbranque – La politique du joueur de violon (Collection jeunesse)

Les éditions de l’Institut Coppet inaugurent une Collection Jeunesse, où seront publiés des nouvelles et contes, nouveaux ou anciens, dans la plus pure tradition de Frédéric Bastiat. — Le premier titre nous transporte dans un petit royaume, où une princesse qui va devenir reine cherche le moyen de s’échapper à ses responsabilités, pour jouer à sa guise du violon.

Volney – Tableau du climat et du sol des États-Unis d’Amérique

En 1795 l’idéologue Volney s’embarquait au Havre avec des convictions claires, partant « chez un peuple libre, voir si un ami sincère de cette liberté profanée trouverait pour sa vieillesse un asile de paix dont l’Europe ne lui offrait plus l’espérance. » Trois ans de séjour aux États-Unis devaient toutefois renverser cet enthousiasme. Trente ans avant Tocqueville, il conçut l’ambition de faire de cette nation américaine tant vantée l’objet d’un examen impartial. Malheureusement sa santé ne lui permit pas de publier davantage qu’une première partie, consacrée principalement à la géographie et à la géologie des États-Unis, où des notes et quelques traits épars nous font seuls entrevoir toute sa pensée. — Dans l’introduction à cette nouvelle édition, Benoît Malbranque mobilise le manuscrit de la relation de voyage de Volney, conservé dans les archives familiales, pour éclairer l’expérience américaine, amère et instructive, de l’un des plus attachants représentants du mouvement des Idéologues.

Œuvres d’Ernest Martineau

Ernest Martineau (1844-1905), le plus fidèle disciple de Frédéric Bastiat, n’a pas la notoriété qu’il mérite. Ce propagandiste ardent du libre-échange, de la liberté individuelle et de la propriété, défenseur d’un libéralisme authentique et sans concession, a publié des centaines d’articles et plusieurs brochures sur les sophismes protectionnistes, l’erreur socialiste, et le rôle minimal de la loi et de l’État. Renouvelant, quarante ans plus tard, le combat de son maître Bastiat, il s’est confronté au protectionnisme de Jules Méline et au socialisme collectiviste de Karl Marx et de Jean Jaurès. Pour la première fois, l’Institut Coppet réunit les œuvres de ce penseur fécond, injustement oublié.

E. Martineau, le plus fidèle disciple de Frédéric Bastiat

Ernest Martineau (1844-1905), le plus fidèle disciple de Frédéric Bastiat, n’a pas la notoriété qu’il mérite. Ce propagandiste ardent du libre-échange, de la liberté individuelle et de la propriété, défenseur d’un libéralisme authentique et sans concession, a publié des centaines d’articles et plusieurs brochures sur les sophismes protectionnistes, l’erreur socialiste, et le rôle minimal de la loi et de l’État. — Dans l’introduction aux deux volumes de ses Œuvres, à paraître ce mois-ci, Benoît Malbranque présente la carrière et les idées de ce penseur fécond, injustement oublié.

[Œuvres russes inédites de G. de Molinari] (1) Conférence sur le progrès et la civilisation

Gustave de Molinari a séjourné à deux reprises en Russie, il a publié plus d’une centaine d’articles dans la presse russe, et a donné des conférences nombreuses à travers le pays. Cette masse documentaire de première importance était restée jusqu’à ce jour inédite en français. — Dans cette conférence de 1865, Molinari retrace l’histoire de la notion de progrès, et de sa manifestation concrète. Le progrès, c’est essentiellement l’amélioration de la condition matérielle et morale de l’humanité. 

Œuvres complètes de Gustave de Molinari (Volume 10)

Œuvres complètes de Gustave de Molinari, sous la direction de Mathieu Laine, avec le soutien de M. André de Molinari, et avec des notes et notices par Benoît Malbranque. — Volume 10 : Rejeté en Belgique depuis la transformation du pouvoir de Louis-Napoléon Bonaparte en régime autoritaire, Gustave de Molinari occupe les années 1853 et 1854 à différents projets de transition et de circonstance. C’est la poursuite de sa collaboration aux travaux de l’économie politique française ou parisienne, tels que le Journal des économistes ou le Dictionnaire de l’économie politique, dont il est un acteur majeur ; c’est encore l’enseignement de cette même science, qu’il poursuit et dont il tirera un premier volume en 1855. Ces deux années sont aussi des temps d’écriture et d’opérations commerciales, qui aboutiront, à partir de janvier 1855, à des œuvres majeures, dans un climat désormais fixé : la fondation de l’Économiste Belge, et de nouveaux ouvrages.

Olbie, ou Essai sur les moyens de réformer les mœurs d’une nation

« Les hommes instruits, en général, font moins de mal, commettent moins de dégâts que ceux qui ne le sont pas. L’homme qui a étudié l’agriculture, et qui sait ce qu’il faut de soins pour faire pousser une plante, pour élever un arbre, celui qui connaît leurs usages économiques, sont moins près de les détruire, que l’ignorant chez qui ces précieuses productions ne réveillent aucune idée. De même, l’homme qui a étudié les bases sur lesquelles se fondent l’ordre social et le bonheur des nations, ne les sape jamais sans répugnance. »

La liberté des banques et l’agriculture

En décembre 1866, après une communication sur les bons effets de la liberté des banques sur l’agriculture dans l’île de Jersey, une discussion s’engage à la Société d’économie politique sur ce thème. Face à Louis Wolowski, leur éternel ennemi sur ce sujet, les « libre-banquistes », comme ils s’appellent — Horn, Léonce de Lavergne, notamment — font valoir que la liberté des banques revitaliserait l’agriculture et servirait au progrès économique de la France.

Guerre de l’Espagne au Chili. Les neutres et le droit des gens

En 1866, à l’agression de l’Espagne contre le Chili et au bombardement de Valparaiso, J.-G. Courcelle-Seneuil répond en France avec une deuxième brochure consécutive pour condamner formellement les procédés de la puissance espagnole et engager les neutres, meurtris dans leurs intérêts commerciaux, à riposter par ce que nous nommerions aujourd’hui le « boycott », et par une réaffirmation plus solennelle de certains principes du droit des gens. 

De l’esprit public en France

Dans les 4e et 6e livraison du Censeur (1814), Charles Dunoyer survole l’histoire française pour expliquer l’absence d’un esprit public au sein de la population. Sans cesse occupé de son enracinement et d’écarter les menaces qui pèsent sur lui, le pouvoir politique en France a paru peu intéressé par les valeurs de communion et de symbiose. Si aujourd’hui les hommes paraissent désunis et se repaissent dans leur égoïsme, c’est que les gouvernants les ont fait tels, pour mieux servir leur ambition de pouvoir.

Le libéralisme économique en France de 1695 à 1776

Le libéralisme économique en France de 1695 à 1776 pèche certainement par l’absence d’ouvrage doctrinal complet, qui offrirait une synthèse facile d’accès. Mais à travers tous les écrits fournis à la postérité par cette poignée d’auteurs, de Boisguilbert à Condillac en passant par d'Argenson, Gournay, les physiocrates, Turgot, on retrouve une pensée puissante et volontiers radicale, qui se fait jour au milieu d’un système de pensée ouvert, tolérant, humaniste, cosmopolite, qui est aussi l’une de ses plus grandes richesses.

Correspondance inédite de J.-G. Courcelle-Seneuil avec Arthur Mangin

Dans ces quelques lettres inédites, tirées des archives personnelles d’Arthur Mangin (collaborateur notamment à l’Économiste français) Jean-Gustave Courcelle-Seneuil exprime quelques mises au point sur certaines de ses prises de position ou sur son enseignement de l’économie politique à l’École normale. On notera, comme particulièrement éclairante, une explication sur l’emploi abusif du mot « capital » par les économistes, et une réclamation sur la qualification d’ « esprit absolu » et d’ « économiste intransigeant ».